dimanche 2 mai 2010

Arrivée en Terre Sainte

Mercredi 28 avril - Nous quittons l'appartement sur les coups de 4h45 (soit le temps que j'ai passé à dormir la nuit dernière : SOMMEEEILLLL !!!!!). Les rues de Lyon, encore plongées dans l'obscurité, sont désertes. A croire que seuls les routiers osent affronter les nuits de pleine lune. Aucun loup-garou à l'horizon, mais je me demande ce que cette pleine lune augure pour le voyage... (il faudra que je songe à prendre des cours de lecture astrale...). Traverser l'aéroport ne m'effraie plus. J'ai pris l'habitude des dédales des terminaux, portes d'embarcations et autres inspections douanières où, pour une raison que j'ignore toujours, je me fait systématiquement fouiller (même sans le moindre morceau de métal sur moi, je sonne au portique, aussi je dois être, au choix, IronWoman ou Wolverine... Miaouw !!!).
Mon premier vol doit me mener à Zurich, en Suisse allemande. Je patiente avec mes parents devant la porte d'embarquement (16D terminal 1). L'avion décolle à 7h, dans un peu moins d'une demi-heure. Un homme passe ses téfilines (pour faire simple, car j'y reviendrais plus amplement dans les jours à venir, il s'agit de deux boîtes contenant des morceaux de parchemins que les hommes juifs portent au front et au bras pour l'office du matin) et son talit (le châle de prière) et prie dans un coin de la salle. Un avant goût de ce qui m'attend en Israël.
Notre premier avion est relativement petit, ce qui ne m'inquiète pas outre mesure (c'est mon côté blonde : pas peur en avion !!). Je remarque par la fenêtre un phénomène étrange que je n'avais jusqu'alors jamais observé. Un petit homme orange tiens l'avion en laisse (non, je n'ai rien fumer avant de monter dans l'avion !!!) Cette vision me terrifie : serais-ce l'expression d'un désir sado-masochiste refoulé pour les gros engins volants ou juste la perte jamais consolé d'un animal de compagnie qui pousse les hommes de l'aéroport à agir ainsi ??? J'opte pour la théorie la plus réaliste, à savoir le guidage de l'avion durant sa marche arrière (bien que cette hypothèse soit bien moins inspirée que ma théorie SM...). Nous décollons plein nord, en même temps que le soleil. Le ciel est rose, ma vue brouillée par le sommeil, mon esprit perturbée par les avions domestiques... A mon réveil (quelques 10 min plus tard...ToT'... SOMEIL !!!) nous survolons les sommets enneigés des Alpes. Une terre craquelé, éraflé par la tectonique des plaques qui laisse un massif de montagne à perte de vue. Dans les vallées encaissées, j'aperçois les petits villages
savoyards, souvenirs de nombreux étés passés à la montagne. Il nous faudra40 minutes pour rejoindre Zurich (à peine le temps de réaliser les toutes nouvelles opportunités de voyage qui s'offrent à moi...! C'est que je connais du monde en Suisse allemande ! Oui monsieur !!!).
La correspondance à Zurich ressemble à toutes les correspondances du monde : stressante ! Elle a son lot de questions (aussi stupides les unes que les autres) : est-ce que j'aurais le temps d'avoir mon avion ? (Oui c'est calculé pour et le premier était à l'heure Mais qui a eu l'idée de faire un aéroport si grand ? (Celui qui s'est dit qu'un garage risquait d'être un peu étroit pour garer des avions) Mais pourquoi il y a autant de monde, on peut pas avancer sans bousculer les gens ? (la prochaine fois songer à louer un jet privé) C'est quand qu'on mange ? (la seule question intelligente de la correspondance...) Bref, au final, comme pour toutes les correspondances qui se passent bien, nous arrivons à 'embarquement avec une heure d'avance...
Le petit trajet entre les deux avions est plutôt sympa en soit. Et je tiens à souligner l'ingénieuse technique de lavage de cerveau mise en place dans le métro qui relie les terminaux. Vous êtes là, avec vos bagages, à vous dire "qu'est-ce qu'on est bien dans cette petite rame il y fait bien frais", quand une bande sonore se met en route. Et vous voilà plongé en plein cœur des montagnes suisses, avec les petits oiseaux qui chantent, les vaches qui meuglent, les fermiers qui yololahitoutent, les cloches qui tintent. Vous vous imaginez, tel Heidi, courant dans les champs avec vos tresses et tombant dans l'herbe (oups, désolé, ça c'est la petite maison dans la prairie ^^). Et soudain, sur le mur, des images saccadées d'un suisse sur une colline suisse agitant un drapeau suisse. Vous sortez de là en hurlant "Vive la Suisse" sans même savoir pourquoi (la preuve que ça marche, j'ai écrit suisse six fois en trois phrases...lol).
Dans le terminal E porte 42, ils ne sont plus un, mais une dizaine à prier. Des juifs orthodoxes, portant le chapeau, le manteau et le costume noire, la barbe et les papillotes (pour les fans de Rabbi Jacob inutile de faire un dessin...pour les autres, honte sur vous de n'avoir pas vu Rabbi Jacob !!! lol) Avant d'embarquer, je les regarde prier pour le voyage. Au moins, sur ce vol, nous serons sous protection divine...
Le vol de trois heures se passe sans encombre. Je découvre que ma voisine de siège s'appelle Delphine, qu'elle a 31 ans, qu'elle va en Israël deux à trois fois par ans... et qu'elle travaille avec ma sœur Amandine (sœurette, où que j'aille je rencontre des gens qui te connaissent !!! Ta voisine, ta collègue....lol). Et oui, le monde est petit, surtout chez les Lheritier !!!! Delphine me donne quelques conseils sur les lieux à découvrir en Israël. Nous convenons même de nous revoir la semaine prochaine, vers Tel Aviv ou Natanya ! Je n'arrive pas encore à ressentir son engouement pour Israël mais je dois laisser mes a priori de côté, je ne suis pas là pour juger mais pour découvrir. Je dois me laisser surprendre, et pour cela, arriver l'esprit vide...
Nous atterrissons à Tel Aviv à 14h28. Sortir de l'aéroport demande une préparation physique importante : la route est longue et semée d'embûche. Elle commence par marche de plusieurs kilomètres pour atteindre la douane où une file d'attente iiiinnnterminable s'est dressée (pendant que j'étais au petit coin : ils ont profiter de ma faiblesse...) pour passer devant la police israélienne : "Shalom ! Contrôle des papiers ! Do you speak english ?" Quand on en arrive là, ça veut dire que c'est à moi de jouer, mes parents parlant l'anglais comme je parle l'arménien littéraire de l'époque médiévale... "It's my parents and I am... me..." " Why are you here?" " For the Barmitsva of my cousin" "Barmitsva ? Lheritier it's not a jew name..." No comment... Je suis pliée en deux en mon for intérieur et je brûle d'envie de répondre à ce cher agent de la force publique : "Mais ça te regarde Ducon ???!!!" Mais en bon amie des Bisounours je lui répond : "Lheritier, no, but Esther, yes !" Na, prend ça dans tes dents !
Nous passons l'interrogatoire, avec brio, mieux que James Bond lui-même ! Mais les obstacles se poursuivent : il nous reste à dénicher les sherout pour rejoindre Jérusalem. Les sherout sont des minivan-taxis, qui coûte 50 shekels (environs 10 euros) entre l'aéroport et Jérusalem, mais parfois c'est moins cher, parce que parfois, t'es pas un touriste... Notre chauffeur est un israélien grand et mince, bronzé par le soleil, qui a inventé une nouvelle façon de répondre au téléphone en conduisant : la technique du talkie-walkie. Vous aussi, essayez chez vous, et faites profiter à votre entourage de vos conversations téléphoniques !!! Autre caractéristique du sherout : il roule vite , très vite, très très vite. Heureusement qu'il y a des limitations de vitesse ! (ironie...) Les paysages défilent à toute vitesse. Le temps est voilé, la chaleur étouffante, l'atmosphère lourde et humide. C'est une terre aride que je découvre. L'herbe est brûlée par le soleil, les oliviers se dressent ici et là. Les maisons sont géométriques : rectangles surmontés de rectangles... Des barbelés bordent certaines routes. Ce serait donc ça Israël ? Je ne suis pour l'heure guère impressionnée, pour ne pas dire déçue... Je me dis qu'en Islande, nous avions traversé des champs de lave avant de découvrir la splendeur du pays... Laissons le temps au pays de se dévoiler. Notre sherout se fait contrôler. Une coutume locale parait-il. Cela fait partie des règles de sécurité. Je m'étonne néanmoins de ne croiser les premiers soldats israéliens qu'au barrage d'entrée pour Jérusalem. L'un d'eux semble avoir à peine fêter ses 17 printemps. On ne reste pas innocent bien longtemps sur la terre des dieux...
Une chose me frappe en entrant dans la capitale religieuse : des drapeaux israéliens ornent tous les bâtiments, les voitures, les maisons. Élan nationaliste ou victoire sportive ? Mon oncle m'apprendra par la suite que les drapeaux sont en berne à l'occasion de la fête d'indépendance d'Israël, et qu'ils le resteront encore pendant trois semaines.
En raccompagnant chaque passager, notre sherout nous offre une petit aperçu de Jérusalem. La ville est loin de répondre à mes attentes. Nous sommes au Proche-Orient, je pense l'avoir trop vite oublié. Je suis toutefois surprise en traversant Mea Shearim. Il s'agit du quartier ultraorthodoxe. Nous nous retrouvons plonger en pleine Pologne des années 30, avec ces juifs ultraorthodoxes, tout de noir et blancs vétus, chapeau et papillotes. Ils semblent appartenir à une époque lointaine mais ont tous l'oreille vissée à leur téléphone portable (lorsqu'ils ne lisent pas les psaumes). Les femmes portent des jupes longues, toujours sous le genou, et des manches longues, le tout dans des teintes assez sombres, avec des bas noirs ou blanc et des chaussures sans talon (l'amoureuse des escarpins que je suis écrase une petite larme). Elles ont la tête couverte d'une coiffe que l'ont retrouve sur les étals des petites boutiques du quartier. Les enfants sont nombreux. Les filles portent déjà les bas blancs et les jupes longues, et les garçons les papillotes. Je me promets de revenir dans ce quartier animé (où travaille mon oncle), frappé d'une grande pauvreté car les familles sont souvent nombreuses et les hommes étudient dans des Yeshiva (lieu d'étude de la Thora). Ils ne travaillent donc pas et vivent d'allocations de l'État.
L'hôtel de mes parents se situe sur le Mont Scopus, face à la vieille ville. De leur terrasse, nous apercevons le Dôme du Rocher. Je profite de mes dernières heures de la journée en leur compagnie pour un verre local. Il était obligé que je teste le "local coktail", surtout à base de chocolat (j'adore cette liqueur !!! ^^)
Mon oncle et mes cousins nous rejoignent dans le salon de l'hôtel. Ma cousine est devenue une sublime jeune fille de 16 ans, mon cousin le sosie miniature de son père et ma plus jeune cousine une jolie poupée aux joues rebondies. J'apprécie de tous les retrouver. Ce soir et toute cette semaine, c'est chez eux que je loge.
Dans leur grande maison, c'est l'effervescence. Les derniers préparatifs avant la Bar Mitsva. Les amis passent, une voisine, la famille. Les amis de Yoël (dont un jeune lyonnais... C'est pas parce qu'on se fait laminer par Munich qu'on peut pas conquérir le monde ! MWOUHAHAHAHA !!!) dorment à la maison pour pouvoir être à la synagogue demain à huit heures.
Je me détends enfin, m'offre une soirée filles avec ma cousine avant d'écrire ces lignes. Il ne va peut-être pas être si mal que ça mon séjour finalement...

mardi 27 avril 2010

Sur la route des pélerins

Me revoilà, prête pour un nouveau départ. J'attends ce jour depuis plusieurs mois. L'appel du monde ne cesse de résonner en moi depuis mon retour d'Islande, et il me tardait d'y répondre enfin. Je ne sais pourtant que penser de ce voyage qui me mènera en Terre Sainte. J'avais longtemps rêver de l'Islande, et ce pays de liberté à dépasser mes attentes. Israël s'apparente pour moi à une longue nuit dénuée de tous songes. Je ne comprend pas cette terre. Le pays qui entre tous devrait connaître la paix, le socle des trois grandes religions monothéistes, ne cesse de s'entredéchirer, sanctifiant la terre du sang de son peuple sans cesse écoulé, comme un sacrifice rituel au temps des anciens. Je ne comprends pas non plus ce besoin incessant de devoir prendre parti quand les deux camps sont fautifs (sans conteste, l'un souffre plus que l'autre, mais cela n'enlève en rien la faute de ses dirigeants : comme le dis Milton dans son Paradis Perdu : "La haine par la haine est mieux payée."). Du moins est-ce la vision que j'en ai. Sans doute est-elle biaisée, alimentée par les seuls médias qui, à mon sens, ne savent traiter avec neutralité ce conflit. J'ai donc besoin de me faire ma propre opinion. De connaître les attentes de ces deux peuples. Leur quotidien, leurs rêves, leurs espoirs. Je doute, en un mois, de trouver la moindre réponse à mes questions. Au moins aurais-je essayé...


Sources :www.voyagesphotosmanu.com


Dans huit heures, je décollerai donc pour Tel Aviv, via Zurich. Ma première destination sera Jérusalem. J'y retrouverais ma famille pour célébrer la Bar Mitsva de mon cousin Yoël. J'en profiterais bien sûr pour visiter la ville sainte, marcher sur les pas des pèlerins, me recueillir à la mémoire de mon peuple massacré pendant la guerre... La suite de mon voyage, je l'ignore encore. Sans doute passerai-je un certain temps dans le désert. Mais rien n'est encore décidé. Pour l'heure il n'y a que mon sac, étrangement vite rempli (il faut croire que je me suis rodée, à force de déménagement, à l'art du paquetage) et mon inspiration. Pour le reste, comme disait un grand philosophe du rock : "le vent nous portera"...

dimanche 12 juillet 2009

L'Islande, c'est où ça ?

En voilà une question pertinente !
L'Islande est une grosse île (presque) déserte, au Nord de la Grande-Bretagne (voilà, comme ça je viens de me mettre 296 000 personnes à dos...). Faible densité de population (2 moutons pour 1 habitant) , liée à un territoire hostile, entre volcans, geysers, glaciers, fjords... Bref, un pays qui mérite d'être visité.

Pour vous donner une idée, l'Islande compte le plus grand glacier d'Europe (de la taille de la Corse), répondant au doux nom de Vatnajökull.

Petite leçon d'histoire pour poursuivre. Les premiers colons sont arrivés en 875. Une vingtaine d'années plus tôt, des moines irlandais y avaient formé de petites communautés, mais ils prirent la fuite à l'arrivée des Vikings. Car l'Islande est LA contrée des Vikings !!!!


Oui, moi aussi j'aurais peu à votre place....
Toujours est-il que les Vikings ont survécu à l'hostilité de cette île, et qu'ils ont préservé leur culture et leurs traditions jusqu'à ce jour.

Héroïne un jour...


Vous me reconnaissez ? Oui oui, c'est moi, la même, sans couronne mais avec un hippopotame, quelques kilos de moins, une coupe de cheveux en plus (et ça, ça fait la différence ! ), deux-trois grains de folie supplémentaires et un rhinocéros borgne à ma charge (mais ceci est une longue histoire qui ne mérite pas d'être racontée...).

Je repars, seule cette fois, enfin sans ma partenaire préférée (je la soupçonne d'avoir peur du Tougoin masqué... mais je m'avance peut-être...). Car en réalité, je vais être bien entourée.
Je réserve la présentation de mes coéquipiers pour un message ultérieur (suspense, suspense... je ne vais quand même pas tout vous dévoiler maintenant !).

Pour vous donnez une idée de ce que sera ce voyage d'un mois et demi : je n'ai toujours pas ouvert mon Lonely Planet, je n'ai aucune idée des lieux que je vais visiter et mon sac pèse 15 kg (et j'en ai cinq de moins pour m'aider à les supporter...). Bref, l'aventure c'est l'aventure. Taxez moi d'inconsciente au besoin. J'aurais toutefois reçu la meilleure préparation possible en visionnant une fois de plus "Into the Wild", où comment tout abandonner pour trouver la liberté et le bonheur, en vivant au rythme des rencontres... Hasard je t'attends !!!