vendredi 15 août 2008

Avis aux lecteurs

Chers amis lecteurs,
Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée dans le déroulement de notre récit. Nous reprendrons le cours normal de ce programme prochainement, quand nos héroïnes auront du temps et des cernes moins creusées.
Sachez juste qu'Yvonne est remise depuis trois semaines et qu'elle se porte à merveille. Sachez également que nos aventures prendrons fin le 20 août prochain, en raison des rattrapages de ma compagne de voyage.
A très bientôt sur notre blog.
Merci de votre fidélité.
Bonsoir.

lundi 11 août 2008

Mal de gencives


Il n’est pas loin de 14h et nous avons faim. Juste à la sortie de la gare, nous trouvons un petit café au deuxième étage d’un petit bâtiment. Gravissant les marches, nous y prenons place et commandons notre repas : viande et riz (Yvonne se console comme elle peut de n’avoir pu prendre du curry, les derniers ayant été commandés par une famille arrivées juste après nous). Son palais la fait atrocement souffrir. Depuis le début de la journée, elle n’a presque décrocher aucun mot, gardant sa langue sur ses plaies pour moins sentir la douleur. Ce repas finira de l’achever. Nous avions prévu de voir le matsuri (=festival) de Osaka à 16h, mais ses plaies sont bien trop douloureuses. Se sentant vraiment mal, ma compagne de voyage préfère donc rentrer se reposer à l’hôtel. Craignant qu’elle ne fasse un malaise en chemin, je la raccompagne à Shin-Osaka et la laisse dans notre dortoir. Après avoir récupérer quelques informations sur le matsuri, je reprend le métro. J’ai un peu de retard, mais après tout, la fête doit durer toute la nuit.

Osaka, son château, son perroquet


Le parc du château d’Osaka s’étend juste à la sortie de la gare JR. Comme dans les autres villes, c’est un oasis de verdure au cœur des buildings. Une multitude de japonais s’activent dans le parc. Ils préparent une fête qui commence quelques jours plus tard, et installent stands et jeux au pied du châteaux. Avant d’accéder au château en lui-même, nous traversons le parc. Il s’ouvre par une longue allée au centre de laquelle des enfants courent dans les fontaines. Ils cherchent un peu de fraîcheur pour supporter l’extrême chaleur ambiante.





Au sommet d’une série de marche, le parc prend une allure différente. Les arbres élancés font place à une forêt de pins. Les cigales sifflent bruyamment. Leurs « cri cri » résonnent dans le parc et se font échos. Au retour, nous y verrons des enfants armés de filets attraper sur les arbres les insectes chantant, leur père (ou oncle, ou grand père) les ramassant pour les enfermés dans des cages. Ils doivent faire preuve d’un grand sens de l’observation pour parvenir à dénicher les énormes cigales qui se fondent dans les troncs des pins.


Le château est un peu plus loin. Nous passons l’immense porte de bois qui en forme l’entrée, puis rejoignons la tour. A Osaka comme ailleurs, elle abrite un musée (et une très jolie collection d’insectes gigantesques tous originaires du Japon…Brrr !) et un observatoire au pied duquel se dévoile la ville.
Nous traînons encore un moment dans le parc, profitant de la fraîcheur des boutiques de souvenir. Un groupe d’enfants attire notre attention. Ils se bousculent autour de silhouettes de bois sans visages (pour pouvoir mettre le sien et être pris en photo !). Mais ce n’est pas l’attraction qui les tient agités là. Sur la tête d’une silhouette en kimono se tient, bien sagement installé, un petit perroquet vert. Les enfants essaient de le toucher, de lui faire attraper des baguettes avec son baguette (baguette qu’il s’empresse de recracher…ce n’est pas à lui, maître perroquet, qu’on fera un jour avaler des sushis !). Trouvant cet oiseau adorable (me disant qu’il ferait un excellent compagnon de jeu pour ma loutre et mon otarie), je sors mon appareil photo et mitraille le pauvre animal. Soudain, levant les yeux de mon appareil, plus de perroquet. Et un poids étrange sur mon épaule gauche. Le propriétaire de l’animal m’a posé Coco (en réalité, il a un nom japonais, mais j’ai été incapable de le comprendre) sur l’épaule. Ma seule crainte est qu’il me morde l’oreille. Mais non, l’oiseau semble sympathique et toute fière je parade dans le parc avec ma dégaine de pirate. Autour de moi, les enfants s’agitent de plus en plus. Quand au perroquet, il commence à m’ôter mes barrettes l’une après l’autre (enfin il essaie, mais se n’est quand même pas très agréable). Le propriétaire reprend donc son animal sur un bout de bois, tente vainement de le poser sur Yvonne qui court se réfugier dans une boutique (non pas qu’elle ait peur du perroquet, elle ne veut juste pas ressembler au capitaine crochet, sa période jambe de bois lui a suffit comme expérience de corsaire…). Finalement, le perroquet atterrit sur l’épaule d’une autre jeune femme qui se fait alors dévorer son chapeau. Quant à moi, je rejoins Yvonne et nous quittons le parc.

dimanche 10 août 2008

Les illuminations d’Osaka


La nuit tombe enfin quand nous arrivons à la station d’Osaka. Notre dernière étape de la journée sera l’observatoire de l’Umeda Sky Building, auquel nous avons dû renoncer hier. Et nous avons ien fait, car nous ne mettrons pas moins d’une demi-heure pour le trouver (alors qu’il se trouve juste à dix bonnes minutes de la station). Nous prenons une première sortie, mais là, impossible de savoir dans quel sens se rendre. Nous demandons notre route une première fois. Direction l’autre sortie, à l’opposée. Mais là, toujours aucun moyen de trouver la route à suivre. Nous demandons une deuxième fois, au tourist information center. Il faut aller dans l’autre sens et prendre un passage surélevé. Ce que nous faisons, mais toujours pas d’observatoire à l’horizon. Nous demandons une troisième fois notre chemin. Rebelote sens inverse, mais nous prenons cette fois la diagonale. Toujours rien. Nous commençons à en avoir marre de parcourir la gare dans tous les sens, vainement. Enfin, après notre quatrième demande, nous trouvons enfin le bon chemin. Nous aurons fait le tour du magasin que nous devons longer et aurons parcouru la gare et ses dédales dans ses moindres recoins. Enfin, nous voyons l’entrée du souterrain (et non pas du passage surélevé comme je l’avais mal compris…forcément ça n’aide pas à trouver sa route !). Alors que dehors une légère brise s’est levée, le souterrain garde une chaleur moite. Il traverse ainsi tout un quartier. Sa sortie nous mène au pied de notre building (nous évitant de nous perdre une fois de plus). Deux tours jumelles, réunies par un disque lumineux et deux asecenseurs de verre transversaux.
L’observatoire est au sommet de la tour. Il se décompose en plusieurs étages, chacun ayant un point d’observation différent. L’ascenseur nous mène rapidement au sommet. Là, une boutique de souvenir étale ses porte-clés et ses gâteaux estampillés « Umeda Sky Building ». Un peu plus loin, une agence offre la possibilité de se marier au sommet du building. Des couples s’y pressent pour remplir les formulaires. Si ce marier à cet endroit doit être mémorable, ça n’a par contre plus rien d’original. Une immense baie vitrée donne un aperçu sur les restaurants en face. Sur l’extérieur, d’autres baies vitrées laissent apercevoir la ville. Une rangée de banquettes, cachées dans des renfoncements, fait face à ses vitres. Elles sont comme des nids d’amoureux, qui accueillent les couples devant un panorama romantique au possible. Du cliché comme on n’en fait plus que dans les films américains.
Pour accéder au toit (et à la plateforme de l’observatoire), nous reprenons un ascenseur, de verre, au pied duquel nous voyons grandir la ville. Arrivées, nous prenons un escalator aérien qui nous mène sur le toit. Là, la vue me coupe le souffle. De tout côté, la nuit est transpercée des lumières de la ville. Les buildings brillent de mille feux, les fleuves reflètent les lumières des ponts, même les trains laissent leur empreinte lointaine dans l’obscurité environnante. Osaka semble ainsi une ville d’étoiles. Inutiles de lever la tête pour chercher les constellations, il suffit de baisser les yeux pour voir le ciel s’éclairer. Je pourrais rester la nuit entière devant cette vision incroyable de la ville d’Osaka. Et nous resterons longtemps en effet, bercer par la brise du soir, à observer les détails de cette ville de lumière : les joueurs de tennis, sur le toit du stade, les villages au loin sur les collines environnantes, les colonnes et la grande roue au sommet d’un building. Rien ne pourrais me détacher de cette vision. Sauf Yvonne qui veut redescendre, et l’heure qui tourne (n’oubliez pas la couvre-feu de 23 heures !). Nous redescendons donc dans la salle aux banquettes. Au premier couple partie, Yvonne se rue (c’est bien le mot) sur les sièges et nous restons là, à observer la ville derrière la baie vitrée.

Après-midi au temple


Il nous reste encore quelques heures à tuer avant de nous rendre à l’observatoire. Par chance, de nombreux lieux présentent un fort intérêt à Osaka et nous n’avons donc que l’embarras du choix. Le quartier de Tenno-ji retient finalement notre attention. Sur mes supplications, nous prenons cette fois le métro pour rattraper la ligne JR.
D‘imposants bâtiments entourent la sortie du métro. Mais nous en cherchons pas de buildings. Nous sommes venus ici voir le Shitenno-ji, l’un des plus vieux temples bouddhiques du Japon. Il a été fondé en 593. Mais comme beaucoup d’autres édifices au Japon, celui-ci n’est plus d’époque. Les bâtiments sont une reproduction en béton des originaux, et seul le torii en pierre a réussi à passé les âges. Debout depuis 1294, il figure ainsi au nombre des plus anciens du pays.
La rue pour entrer dans les profondeurs du quartier surplombe les voitures. Il y a ainsi de nombreux passages surélevés dans les villes que nous traversons. Ils font en général office de passages piétons, mais peuvent parfois servir de voies plus longues. Nous suivons les indications d’une fleuriste. C’est désormais devenue mon habitude : plutôt que de nous perdre, je préfère demander mon chemin le plus tôt possible. Autour de nous, des immeubles et des grands magasins. Sur notre droite, en contrebas, nous apercevons une rangée d’arbre. C’est l’entrée d’un parc. Nous descendons y consulter le plan, mais pas de Shitenno-ji à l’horizon. Il est en réalité un peu plus loin dans le quartier. Il fait de plus en plus chaud, et toujours pas d’ombre, mais sous les arbres. Un détour par les toilettes, histoire de remplir nos gourdes. Sous les arbres, des sans-abris dorment, protégés du soleil par des parapluies percés et de vieux cartons. Autour, les passants déambulent, allant chercher un peu de calme dans les profondeurs du parc.
Nous poursuivons notre route, jusqu’à demander notre chemin au vendeur d’un Lawson (une des trois principales enseignes de convenient store), profitant du même coup de la fraîcheur du magasin. Avenant, le vendeur nous fait un joli plan sur une serviette, avant de nous poursuivre dans la rue : son plan était légèrement erroné. Surprises de le voir sortir en trombe du magasin, nous l’attendons (et ainsi empruntons enfin le bon chemin). Le temple n’est qu’à deux rues de là. En effet, l’édifice est ancien (en tout cas sa reproduction le montre bien). Plusieurs bâtiments le composent, le plus imposants (le temple en lui-même) se situant au fond de l’enceinte. Nous y accédons par un pont, au dessous duquel un bassin héberge une véritable nuée de tortues. Elles sont au moins une dizaine à se serrer sur un promontoire, en plein milieu de l’étendue d’eau. A l’intérieur du temple, une cérémonie se déroule, et nous nous contentons donc d’y passer la tête pour jeter un rapide coup d’œil. Fatiguées, terrassées par la chaleur, nous trouvons un peu de repos sur les marches, devant le temple, surveillées par un bouddha de pierre qui médite un peu plus haut.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à un magasin d’objets de cultes. Il y a là une multitudes d’autels, de tailles diverses (du tout petit qu’on peut porter à la main au gigantesque qu’il faut transporter à trois et dans un coffre), des bracelets de prières, de l’encens et autres objets dont je ne connais ni le nom ni l’utilité (le gérant n’ayant pas l’air commode, voire même exaspéré de voire deux occidentales pénétrer sa boutiques, j’ai préféré m’abstenir de toute question).

Shopping au Tempozan Marketplace


Face à l’aquarium, un second bâtiment : le Tempozan Marketplace. Il s’agit d’une immense galerie couverte, sur deux étages, qui abritent pléthores de magasins et de restaurants. Nous parcourons toutes les boutiques, sans exception. Nous nous attardons au magasin Hello Kitty, où la petite chatte blanche est déclinée dans tous les produits dérivés possible, de la serviette pour s’éponger le front, au porte-clés, aux baguettes, aux coussins, carnets, stylos, gourdes, boîtes à bento, mouchoirs et bien sûr, jouets en tout sorte. De nombreux autres magasins présentent des vêtements et accessoires genre rasta chic (très à la mode chez certaines japonaises), des gâteaux et autres friandises, des objets dérivés de mangas et autres babioles chers aux japonaises.
Notre lèche-vitrine achevé, nous partons en quête d’un déjeuner et d’un endroit où reposer nos jambes, fatiguées d’avoir tant piétiné à l’aquarium en attendant l’accès aux bassins. Notre challenge est de dénicher un plat qu’Yvonne pourra manger sans douleur. En effet, depuis ce matin elle souffre terriblement, son palais présentant de véritables crevasses en deux endroits, et ce sans raison apparente. Comme il est hors de question de voir le dentiste ici, nous devons donc attendre que ses plaies disparaissent, les soignant au mieux avec mon dentifrice pour gencive sensible (décidément, vous saurez vraiment tout...au prochain chapitre je vosu aprlerais de mon shampoing pour cheveux lisses et je consacrerais peut-être même tout une partie du récit à mon savon anti-transpirant...), quitte au besoin à acheter un bain de bouche en complément. Mais pour l’heure, Yvonne a mal, très mal, surtout lorsqu’elle mange. Enfin, nous trouvons une boutique de bento bon marché, où Yvonen trouve finalement son bonheur. Nous nous installons en terrasse d’un café (en terrasse dans la galerie couverte, c’est beaucoup dire…) où nous prendrons en dessert une glace comme nous les aimons tant : glace, chocolat, banane et céréales !

Rencontre avec un requin-baleine


L’aquarium se profile enfin à l’extrémité de la baie d’Osaka. Nous marchons depuis une bonne demi-heure, n’ayant voulu prendre le métro pour souci d’économie. Nous avions pourtant été prévenues que le trajet serait long au départ de la gare JR, mais faisant confiance à nos jambes, nous choisissons la voie sportive. C’était sans compter le soleil japonais. Car en arrivant à Osaka, nous avons atterri dans une ville sponsorisée par Peter Pan : pas une ombre à l’horizon, pas un minuscule raie d’obscurité, du soleil partout, où que se portent nos regards (sauf sur les parkings aménagés juste en dessous du métro). Péniblement, nous progressons le long d’une interminable avenue, suivant les rails du métro. Quelques arbres bordent la route. Ils n’offrent qu’une infime protection. D’autant qu’ils longent la piste cyclable que nous investissons en dépit du péril. Il faut reconnaître que c’est la première piste cyclable que nous croisons dans ce voyage, et que nous avons donc pris l’habitude d’éviter les vélos qui investissent en temps normal le trottoir, sans faire grand cas des piétons. Par chance, des combinis bordent notre parcours et nous faisons régulièrement des pauses climatisation, renommée par mes soins « pause sèche linge », et même une pause glace à la menthe (il ne s’agit pas de gourmandise mais de reprendre des force pour finir notre route…).
Ainsi donc, nous finissons par trouver l’aquarium. Il nous aura suffit, à la fin de l’avenue, de suivre la grande roue (qui serait la plus grande roue du monde…). A l’entrée de l’aquarium, des poissons, des dauphins et un requin-baleine en fil de fer accueillent les visiteurs. Le requin-baleine est l’attraction principale de l’aquarium, est la raison pour laquelle nous sacrifions 2000 yens de notre budget (pour la peine, il a intérêt à être bien portant !). La matinée n’est pas encore trop avancée et la foule ne se presse pas encore aux portes. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’il n’y a personne. Tout au moins pourrons accéder aux bassins avec un minimum de facilité. Juste après l’entrée se dresse une première boutique de souvenirs. Nous empruntons un petit escalator et nous retrouvons dans un tunnel tout en verre d’où nous pouvons observer des poissons et des petits requins. Nous avons le sentiment de marcher au fond de l’océan. L’eau qui nous entoure (derrière la vitre, nous ne sommes pas encore des sirènes, enfin pas complètement), traversée par les rayons du soleil, déforme les objets, les poissons, le corail et nous laisse étourdies. Nous arrivons ensuite dans le bassin des loutres. Leur environnement a été reconstitué. Autour de nous se dresse des murs de pierres d’où s’écoule une cascade. En contrebas, dans un bassin, trois loutres bronzent au soleil. Pendant que deux se font des papouilles, la troisième plonge se rafraîchir et se faire un brin de toilette. Elles sont adorables (et je me verrais bien en ramener une pour jouer avec ma chienne…). Autre bassin, autres animaux. Après les loutres, les phoques et les otaries (j‘en ramènerais bien une pour jouer avec ma loutre…). Et là, on ne joue plus dans la même catégorie. J’ai bien vu des documentaires sur les phoques et des spectacles avec des otaries, mais je n’aurais jamais pensé que ces animaux puissent être aussi massifs. Pour être exacte, ils sont énormes, monumentaux, incroyablement dodus, et malgré leur poids et leur taille (surtout leur poids), ils se meuvent avec une grâce infini dans l’eau claire de leur bassin. L’otarie s’amuse à faire des tours dans l’eau. Elle ne cesse de virevolter en tout sens pendant que les phoques sèchent sur la terre ferme. Au milieu du bassin, un tréteau de bois. Les mammifères ne semblent pas avoir le courage d’y monter. Tout juste y repose-t-ils leur tête le temps de reprendre un peu d’oxygène. Soudain, un phoque, le pelage blanc-gris parsemé de taches noires, prend son élan et se hisse sur le tréteau, glissant de toute sa masse pour s’y installer au mieux. Ils est à moins d’un mètre de nous, juste de l’autre côté de la vitre. L’otarie lui chatouille les pattes (ou nageoires, c’est un peu un mélange des deux), mais le phoque demeure imperturbable. Mieux, il s’étend de tout son long sur le flanc, comme pour narguer ses compagnons et exposer le plus de surface aux rayons du soleil.
Après les otaries, les dauphins. Souples, gracieux, joueurs. L’un d’eux prend un malin plaisir à longer la vitre en y collant sa langue, rendant les enfants fous de joie (et nous fous de douleurs : les enfants, ça crie !). Un second fait de petit bond à la surface, comme pour attirer les visiteurs. Les dauphins sont espiègles, et nous irions volontiers faire trempette dans leur bassin.
Nous traversons ensuite de nombreux aquariums, découvrant des poissons aux formes et aux couleurs des plus originales. A chaque virage, nous nous enfonçons plus profondément. Ainsi est construit l’aquarium d’Osaka : nous tournons en rond, retrouvant incessamment les mêmes bassins, mais à des niveaux différents (huit très précisément), avec donc différentes vies sous-marines. Enfin, nous atteignons LE bassin. En plein cœur du bâtiment, il est gigantesque. C’est qu’il faut de l’espace pour accueillir non pas un, mais deux requins-baleines, avec leur cour de raies (dont les sublimes raies mantas et celles que je nommerais raies Cyrano en référence à leur nez), de requins (marteaux et à pointes blanches) et de tous petits poissons. Ces bancs sont assez marrants car ils ne cessent de suivre l’un des requin-baleine dans tous ces mouvement, comme des groupies suivraient leur star préférée. Nous restons un long moment à regarder les requins et les raies. En partie car le spectacle est magnifique. Les requins-baleines font facilement quatre mètres de long (on les pensait beaucoup plus grands, mais bon, c’est déjà pas mal….) et évoluent dans le bassin avec des mouvement très lents, très posés. Ils donnent vraiment l’impression d’être les rois du bassin. Les raies ont des mouvements plus aérien, comme si elles volaient dans l’aquarium. Elles s’amusent à surprendre les visiteurs en surgissant devant eux, collées aux vitres. Yvonne n’apprécie d’ailleurs guère ce petit jeu. Ce qui m’amène à la deuxième raison qui nous pousse à rester devant ce bassin : la clim’ (qui semble être une bénédiction où que nous la trouvions). Pour mieux en profiter, en tout cas pour ne pas être qu’une spectatrice passive, je m’amuse à faire parler les poissons, notamment celui qui a le nez tout écrasé (de s’être encore fait expédier contre la vitre du bassin par la queue du requin-baleine…). Dernière raison enfin, laissez avancer le flot de visiteurs qui ne cessent de grandir, et surtout les hordes d’enfants déchainés qui ne cessent de hurler et de bousculer toute personne ayant le malheur de se trouver sur leur chemin, sans pour autant s’excuser, ce qui a le don de nous mettre hors de nous.
Le reste de l’aquarium se compose de poissons dont je vous passerais la description (d’une part car il y en avait bien trop pour tous les citer ici, et je ne voudrais pas attiser leur jalousie, d’autre part car je n’ai pu déchiffrer leurs noms en japonais et que je m’en voudrais de vous faire une description incomplète). Retenez juste qu’il y avait suffisamment de poissons pour nous retenir deux heures dans l’aquarium et qu’il ne faut pas énerver un requin-baleine si l‘on tient à son nez. La visite s’est terminée par une salle pédagogique où l’on pouvait observer certains poissons de plus près ainsi que des méduses, comprendre la différence entre le requin-baleine (gentil car pas de dents) et le requin blanc (méchants car quenottes très très très aiguisées). Enfin, comme à notre habitude, nous avons arpenté en long en large et en travers les boutiques de souvenirs regroupées à la sortie de l’aquarium.

mercredi 6 août 2008

Soirée à Dotombori



L’après-midi est bien avancé quand nous arrivons à Osaka. Notre hôtel se situe dans la banlieue de la ville, à moins de cinq minutes de la gare Shinkansen, à Shin Osaka (et porte d’ailleurs bien son nom : Shin Osaka Youth Hostel). En sortant du métro, bien que nous ayons suivi à la lettre les indications du Lonely Planet, nous avons quelques difficultés à le trouver. Fort heureusement, nous trouvons du secours auprès d’un employé de la gare et nous retrouvons à faire un détour, nos sacs sur le dos, quand nous aurions pu arriver directement à la bonne rue en suivant, de la gare, la direction du Koko Plaza. Car notre auberge de jeunesse se situe au dixième étage de cette tour et offre une vue imprenable sur la ville (superbe au coucher du soleil). Il s’avèrera également que cet hôtel sera l’un des meilleurs dans lequel nous aurons séjourné. Le personnel est extraordinairement accueillant, surtout une jeune hôtesse d’accueil parfaitement bilingue qui se montrera d’un grand secours à chaque fois que nous aurons besoin d’un conseil, d’un service, et d’un peu d’aide (certes, elle est payée pour ça, mais elle pourrait tout aussi bien râler ou tirer une mine de trois mètres de long, surtout qu’Yvonne et moi avons pas mal, voire incessamment, fait appel à son aide).
Pour l’heure, nous ne faisons que prendre possession de nos lits dans un dortoir(arrivant une demi-heure avant le check-in, nous traînons d’abord dans la salle commune pour réfléchir aux activités de l‘après-midi), et prendre une douche bienvenue avant de se remettre en route. L’observatoire de l’Umeda Sky Building nous attire beaucoup, mais nous préférons attendre la nuit tombée pour contempler les lumières d’Osaka. En attendant, nous irons donc dans le quartier de Dotombori, l’endroit où il faut sortir, le soir, à Osaka. Direction le métro donc, pour Osaka d’abord, où nous récupérons le ligne JR qui fait le tour de la ville. Le trajet est long, nous avons un second changement à effectuer (fort heureusement, je suis devenue une vraie pro pour demander notre chemin aux contrôler : « To go to Namba ?« ) mais enfin, nous arrivons. A la sortie de la gare, une harmonie donne un concert. Mise en scène et majorettes à l’appui. Même les musiciens ont une chorégraphie qu’ils exécutent avec brio. Pas un cheveu ne dépasse, pas un bras ne sort du rang. Tout est calé au centimètre, aussi rigide et organisé qu’une parade de l’armée.
La rue principale de Dotombori n’est pas très éloignée. Hésitant sur la route à suivre, nous demandons à une passante, puis par la suite à un trio d’adolescent. Notre choix est assez simple : ils semblent en âge d’aller au lycée, donc ils comprennent un minimum d’anglais (ce qui tombe bien car nous en parlons un minimum!). Effectivement, ils nous comprennent (ce qui n’est pas toujours gagné). Mieux, ils nous conduisent jusqu’à Dotombori, en profitant pour nous étourdir de question. A commencer par notre nationalité. Au simple mot de « française », les trois adolescents poussent un « OOOOHHHH » sonore, qui nous laisse gênée mais assez fière. La France semble un pays vraiment apprécié par les japonais (une chance pour nous qui, du coup, sommes choyées).
Enfin, Dotombori et son animation. Nous laissons derrière nous nos adolescents pour entrer dans la rue illuminée et en effervescence. De tout côté, des magasins, des salles de jeux et des restaurants. Les japonaises sont apprêtées, accompagnées de leur copain du moment. Yvonne est déçu des prix des restaurants. Elle pensait manger ici à des prix raisonnable. En réalité, il est bien possible de dîner à moindre coût, en s’adressant aux étals éparpillés ici et là qui proposent okonomiyaki (omelette japonaise) et takoyaki (beignets de poulpes). Dans une ruelle, une espèce de micro kermesse attire les passants. Quelques jeux, des stands de nourriture, et une scène où des personnages étranges (espèces de peluches géantes…ils ne devaient pas avoir chaud pas ces températures !!!) sélectionnaient et faisaient chanter les gens. Nous avons eu peur et avons pris la fuite (il se passe parfois des choses vraiment étrange au Japon, vous savez). Après avoir fait quelques boutiques, s’extasiant encore devant le nombre incroyable de babioles exposées dans les magasins (en particulier les petites figurines à attacher au téléphone portable, qui se déclinent dans toutes les spécialités culinaires de la région : vous pouvez ainsi appréciez Kitty en sushis ou Kiki en gâteau…), Yvonne fini par trouver un restaurant. Le problème, c’est que le seul plat à un prix correct contient du porc. C’est donc seule que ma compagne de voyage déguste son omelette. Je me contenterais plus tard dans la soirée de takoyaki brûlant qui me brûleront le palais.
La nuit s’étaient déjà bien installées quant nous sommes reparties pour l’observatoire. Nous n’avions qu’un quart d’heure pour atteindre le bâtiment avant la fermeture, et encore, il ne nous resterait qu’une demi-heure pour rentrer à l’hôtel avant que les portes ne se ferment pour la nuit, à 23h tapantes. A la gare d’Osaka, nous hésitons longuement, puis décidons finalement de rentrer. Mieux vaut parfois ne pas trop tenter le diable.

Prochaine destination : Osaka


Nous arrivons à l’hôtel juste à temps pour récupérer nos sacs (que nous aurions en réalité pu laisser encore toute l’après-midi…grrr). Après avoir manger, au frais, sur les sièges du hall, nous demandons au standardiste son aide pour réserver un hébergement sur Kyoto. Manque de chance (ou de prévoyance), tous les hôtels abordables ont été pris d’assauts, et pas une chambre n’est disponible. Réunion au sommet. Qu’allons-nous bien pouvoir faire ? Où nous rendre désormais ? Le standardiste suggère Nara, ville sélectionnée sur notre itinéraire justement. Mais les hébergements y sont trop chers, et le trajet compliqué depuis Nagoya. En pleine confusion, nous sortons le Lonely Planet (vous apprécierez la touche dramatique que je donne à cet épisode assez barbant de l’aventure…). Et là, l’illumination. Osaka. A proximité de Kyoto et de Nara. Ville riche culturellement et historiquement. Et surtout équipée d’un aquarium où réside un requin-baleine (cette attraction a clairement fait pencher la balance dans notre choix…). C’est donc décidé, nous irons à Osaka (où justement deux lits nous attendent).

mardi 5 août 2008

Comment visiter une ville en seulement quatre heures…

La matinée commence mal. Alors que nous planifions de visiter Nagoya toute la journée, nous apprenons que notre hôtel, non content de nous coûter cher pour les services qu’il offre, refuse de garder nos sacs après midi. Nous n’avons donc devant plus que quatre heures pour découvrir deux sites chacun à une extrémité de la ville. Le casse-tête commence. Les distances semblent courtes sur notre plan, et nous décidons de rejoindre^, à pied, le château d’Osaka. Ne jamais se fier aux distances des plans. Nous mettons une bonne heure, en plein soleil, sous une chaleur étouffante, avec mes plaintes incessantes (« il fait chaud, je coule de partout, j’en ai marre, c’est quand qu’on arrive ? ») pour enfin apercevoir les jardins du château. Ils abritent également le théâtre de Nagoya, petite bâtisse à l’entrée des jardins. Les château japonais sont une réelle curiosité pour les occidentaux. Nous avons l’habitude des châteaux forts, au sommet d’une colline, entouré de fortification et d’une vieille ville aux maisons en pierre. Un lointain souvenir du Moyen-âge, mais je ne vous apprend rien. Au Japon, les châteaux sont au cœur de la ville, bordés par les buildings et le trafic routier. Cachés au centre d’un parc, il représente (dans chaque ville que nous traverserons par la suite) une oasis de verdure (bien que les espaces verts soient très présents dans les cités nippones). Un mur d’enceinte, bordé de douve et percé de massives portes, marque l’emplacement du château. L’intérêt principal tient en la tour du château, haut édifice surélevé, dont l’architecture rappelle celle des temples. Aujourd’hui, peu (voir aucun) château n’est d’époque. Ils ont souvent été démolis pendant la seconde guerre mondiale, par les nombreux bombardements, ou par des incendies à des époques plus lointaine. Par la suite, ils ont été reconstruits à l’identique, en général en béton (donc pas tellement à l’identique). Et les tours abritent des musées (plus ou moins bien documentés) qui retracent l’histoire du château et de la ville à l’époque shogunale, ainsi que le quotidien des habitants de l’époque.
Celui de Nagoya en est le parfait exemple. Il s’élève, massif, au cœur d’un immense parc où sont aussi installés aujourd’hui des boutiques de souvenir. La particularité du château de Nagoya tient aussi dans ses dauphins à tête de dragons qui ornent les toits des édifices. Le musée est particulièrement intéressant, avec quelques explications en anglais. On y découvre des armes et des objets de la vie quotidienne. Au dernier étage de la tour se tient un observatoire. Au pied de la terrasse, par laquelle nous pouvons faire le tour du bâtiment, s’étale Nagoya. En effet, le regard se perd loin derrière les immeubles, et on devine que la tour devait être un bon point d’observation en cas d’attaque.
Nous n’avons guère le temps de nous attarder au château et dans ses jardins. L’heure tourne et la chaleur continue de grimper. Et nous devons encore traverser toute la ville pour voir l’Osu Kannon Temple et le quartier environnant (où l’on peut faire du shopping à bas prix paraît-il…hihihi !). Malgré les protestations de nos portefeuilles, nous prenons le métro (cher à Nagoya) pour arriver une dizaine de minutes plus tard dans le quartier d’Osu. Le temple est à quelques pas de l’arrêt de métro. Et pour être honnête, s’il est en effet très joli, nous en avons vu de bien plus impressionnant à Nikko et Kamakura, et sommes assez déçues. Il faut aussi reconnaître que nous avons vu de très nombreux temples, et qu’à moins d’être un grand connaisseur, ils ne présentent au final guère de différences. Après avoir fait un tour rapide du temple, nous pénétrons la rue couverte commerçante…et découvrons avec plus de déception encore que les magasins sont presque tous fermés ! Pour une rue très animée (dixit les français que nous avons croisé et le Lonely Planet). Fort heureusement, nous dénichons un petit café qui sauvera notre fin de matinée. Climatisé (comme toutes les boutiques ici, mais à ce moment, elle est particulièrement appréciée), il affiche au menu des glaces gigantesques : les Parfaits nos glaces préférées au Japon !). Pour info : glace vanille, sauce chocolat, banane et céréale… (miam !).
Vers 11h30, nous quittons notre îlot de fraicheur, achetons notre déjeuner (nous passons un peu notre temps à manger…mais on élimine tout !) et rentrons à l’hôtel, juste à l’heure pour récupérer nos bagages.

dimanche 3 août 2008

Nagoya

Je commencerais ce chapitre par un petit quizz. Qu’elle a été la première chose que nous avons fait en arrivant à Nagoya ?
1. Nous sommes allées manger car nous étions affamées par notre journée de voyage.
2. Nous sommes allées poser nos bagages à l’hôtel car notre pauvre dos était prêt se fendre ?
3. Nous sommes allées faire du shopping.
Je sais, ce n’est pas facile. Pour vous aider, vous pouvez remonter plus loin dans le blog. Pas besoin ? Vous avez trouvé ? Et bien félicitation, c’était bien la réponse 2 (suivie de la 1 et de la 3). Nos habitudes ne changent guère d’une destinations à l’autre. Nous avons donc payé 250 yen pour un arrêt de métro, et avons rejoint sans trop de difficultés notre hôtel (nous avons quand même demandé notre chemin alors que nous étions juste devant le bâtiment…). Il est suffisament tard pour que nous puissions prendre possession de notre chambre. Elle se trouve au quatrième étage, sans ascenseur (décidément, ça devient une habitude!). Spacieuse, propre, c’est une chambre à la japonaise où sont rangés futons et yukata, et où nous attend du thé chaud. Nous déposons nos sacs, puis partons découvrir Nagoya. Peu de buildings gigantesques, comme à Tokyo ou Yokohama, mais des immeubles néanmoins bien assez grands.
La ville est lumineuse, avec de grandes rues commerçantes. Nous sommes à quelques minutes du centre ville. En chemin, nous passons devant le musée de l’électricité, où d’étranges sculptures métalliques s’élèvent sur le parvis.

S’enfonçant dans le quartier, attirées par un étrange dôme brillant, nous découvrons un parc dans lequel se trouve le musée des sciences. Il est fermé et semble en travaux. Sur les grilles qui l’entourent sont exposées les reproductions de dessins d’enfants. Nous pensons à un concours sur le thème de l’espace (auquel cas les vainqueurs ne sont pas les plus jolis…).
La preuve : voici celui qui serait en troisième position...
...et voici le vainqueur...
Le dôme argenté, qui reflète la lumière du soleil, s’avère quant à lui être le toit du musée .

Derrière lui, se dresse le musée des arts. Un immense bâtiments à l’architecture moderne, fermé lui aussi.
Dans le parc, des œuvres sont disséminées, de la Terre géante à l’étrange personnage bleu (enfin l’œuvre avait vaguement l’air d’un personnage). Vous remarquerez que je connais ma géographie à merveille : nous sommes-là (pour ceux qui douteraient de mes capacités, je ne montre pas l'océan mais le Japon...merci d'être indulgent avec mon petit bras...).
Des enfants jouent sur la balançoire, côtoyant les sans-abris du quartier. Ce ne sont pas les premiers que nous croisons. Ils sont nombreux à investir les parcs des grandes villes. Sur les bancs ou à terre sur des cartons, ils dorment où attendent que le temps passe. Pas un ne demande de l’argent ou de la nourriture. Ce n’est pas dans la mentalité japonaise. Ils sont juste là, car ils ne peuvent être ailleurs.
L’après-midi passe. Nous nous entrons dans le Nadya Park? un immeuble partagé entre des magasins et le musée du Design.
L'intérieur est clinquant, comme dans beaucoup de bâtiment japonais. Les boutiques montrent des façades lumineuses qui attirent l'oeil (et donc le chaland).
Le musée du design est très distrayant. S'y côtoient mobilier de grands designers japonais et électroménager des années 30. Les pièces sont exposées dans de grandes vitrines en forme de 0 carré et partagées en petites cellules. Quand on active la présentation, les cellules se mettent à bouger. Un mécanismes les fait descendre, aller à gauche, puis remonter, afin que nous ayons toutes les pièces sous les yeux petit à petit. Dans une vitrine tout en longueur, des voitures d’époque miniatures (dont certaines ont vraiment la classe !). Une seconde pièce est consacrée aux affiches des années 30 à 90, tant en Europe qu’aux Etats-Unis et au Japon. Nous profitons même d’une vidéo en japonais, mais où une bonne partie des intervenants parle anglais. Enfin un documentaire que je peux (presque) comprendre !
La visite du musée est rapide, la collection étant petite. Nous allons faire un petit tour dans les magasins de l’immeuble, au Loft notamment. Oui, nous sommes allées au Loft, mais à notre grande déception, nous n’y avons pas trouvé de piscine. Que de la papeterie.

La nuit est tombé. Les immeubles sont illuminés. Au Japon, même quand le ciel est d’un noir d’encre, les rues s’éclairent comme en plein jour. Nous arrivons à Sakae, un quartier qui est le cœur même du centre ville.
Sur la place, une fontaine brille de mille feux.
Derrière elle, la tour de télévision de Nagoya, et surtout Oasis 21.
C’est un édifice construit comme un vaisseau spatial, sur le thème de l’eau.
Au sommet, une immense esplanade avec des bassins aux fonds transparents, d’où l’on devine le sol bleu du sous-sol.
La vue sur la ville est splendide, surtout de nuit.
Nous discutons un instant avec un japonais, qui s’enquiert de notre nationalité et de notre voyage. Puis partons découvrir les étages inférieurs. Au premier se trouve une gare routière. Au sous-sol, des magasins (encore). Je tente vainement de trouver des chaussures à ma taille, mais il semblerait que les pieds d’enfants des japonaises et mes pieds normaux de française ne se ressemblent guère. Devoir regarder cet étalage de chaussures sans pouvoir espérer m’en acheter me déprime. Aussi, nous prenons le chemin du retour, nous arrêtant sur la route à un combini pour nous acheter à manger.
La douche sera la surprise de la journée. Ouverte entre 17h et 23h, elle se révèle être en réalité un bain commun. Pour ceux qui connaissent le principe du hamman, ces bains communs n’ont plus aucun secret. Une pièce avec une série de robinet et de pommeaux de douche, des tabourets, et un bain chaud (très très très chaud) pour se détendre une fois que nous sommes toutes propres (j’anticipe les réflexions : les bains ne sont pas mixtes).
Personnellement, je ne suis pas fan. Par chance, quand je me glisse dans la douche, il n’y a qu’une vieille femme prête à sortir, et je peux profiter seule du bain commun (c’est ça de se laver tard !!!).
Quand aux rencontres de la journée, elles se feront aux lavabos. Une française et son compagnon, en voyage pour deux semaines, nous racontent leurs (més)aventures, notamment le gérant pervers d’une auberge de jeunesse qui matait dans les toilettes… Il a eu affaire à plus forte que lui ! Nous discutons ainsi une bonne heure, sur les lieux à voir à Nagoya et dans le Kansaï, avant d’aller trouver un repos bien mérité.

Changement de programme


Une épaisse masse nuageuse s’accumule autour du Mont Fuji. Même à son pied, impossible de l’apercevoir. Depuis deux semaines que nous parcourons la région de Tokyo, et toujours aucun Fujian à l’horizon. De tous les observatoires que nous aurons visité, de tous les lieux que nous aurons traversé, nous n’aurons vu du Mont Fuji que ses nuages protecteurs.
Il n’est pas loin de 6h45 ce mardi 22 juillet quand nous atteignons le pied de la montagne mythique. Il nous aura fallu quarante bonnes minutes pour arriver là, depuis notre auberge de jeunesse à Gekkoji. Mon gros sac sur les épaules, je transporte le nécessaire pour notre ascension : vêtements chauds et nourriture pour quatre repas. Il n’est guère rempli mais pèse néanmoins sur mon dos fatigué. Derrière moi, Yvonne se traîne laborieusement. Son pied la fait souffrir, il n’a pas désenflé pendant la nuit. Alors que nous pouvons enfin toucher du doigt le plus grand jour de notre voyage, il faut nous rendre à l’évidence. Nous devons renoncer à l’ascension. L’état de la cheville d’Yvonne est critique, et crapahuter sur 1300m ainsi risquerait de mettre sa santé en danger. D’autant que nous devrions rebrousser chemin en cours de route. Il est clair qu’Yvonne n’a pas la force d’atteindre le sommet.
Assise sur le bord de la chaussée, elle a les larmes aux yeux. La terrible nuit au camping a gâché notre ascension. Pestant contre le petit vieux, elle retrouve quelques forces. Il est encore tôt. Suffisamment pour changer nos plans. De l’autre côté de la route, le Coco’s, un café-restaurant ouvre ses portes. Tout nos efforts n’auront pas été vains, et nous avons besoin d’un bon remontant. Nous sommes déçues. Nous parlons de ce jour depuis notre départ et même bien avant. Devoir y renoncer s’avère pour nous une décision aussi cuisante qu’un échec. Notre quatrième tasse de chocolat fumant à la main (les boissons sont à volonté…ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !), nous décidons de retenter l’ascension en août, avant de rentrer sur Tokyo. En attendant, nous poursuivrons notre route vers Nagoya.
Il n’est pas loin de 9h quand nous atteignons notre auberge de jeunesse. Sur le chemin, un jeune à vélo nous harcèle. Yvonne, forte de son japonais, s’en débarrasse avec grâce, même lorsqu’il revient à la charge (coriace le pervers !!!). Notre hôtesse nous indique les bus et trains à prendre pour se rendre à Nagoya, et nous aide même à réserver une chambre pour la nuit. Je refais mon sac (vidé pour les deux jours de marche), puis nous reprenons la route. Nous avons tout juste vingt minutes pour arriver à la gare de Fuji-Yoshida avant le départ de notre bus. Autant dire : Mission impossible. Chargées comme des mulets, nous prenons le pas de course pour battre des records de vitesse. Yvonne suit tant bien que mal. Et nous arrivons à l’heure, avec trois minutes d’avance (on applaudit bien fort !!!). Mais le challenge n’est pas encore gagné, car il nous reste à prendre nos tickets, avec deux clients d’une lenteur à faire frémir de rage un paresseux juste devant nous, et une vendeuse cruche incapable de trouver le bus qui part dans les trois minutes. Quand enfin elle comprend qu’un bus direct est sur le départ et qu’il nous intéresse plus que le bus avec changement qui part dans une heure (elle nous a quand même proposé un bus qui était déjà parti…!!!), le bus est à l’arrêt, prêt à partir et Yvonne le montre frénétiquement du doigt. Enfin, elle réagit, demande au chauffeur, par radio, de nous attendre. Et nous partons en courant sur le quai d’en face.
Le trajet en lui-même était particulièrement agréable (mais long : 1h30 de bus). Nous avons traversé la campagne japonaise et des petits villages de charmes. Nous avons aussi pas mal dormi (narcolepsie du transport). Dans le bus, il y avait également deux couples d’occidentaux qui voyageaient ensemble. Nous avons ensuite pris le Shinkansen, pour arriver éreinter, une demi-heure plus tard, à Nagoya.

vendredi 1 août 2008

Où nos héroïnes se lâchent


Maintenant que vous avez pris connaissance de la version bien sage, qui fait soi-disant peur (mais après relecture, je m’aperçois qu’il fallait vraiment y être pour avoir la frousse), je vous livre à présent nos impressions directes sur cette soirée de l’horreur. Déjà, nous sommes fracassées par les trois heures de trains (et les trois trains différents) que nous avons dû prendre pour aller à Kawagachi-ko. Nous avons dû prendre un bus étroit et vieillot. Nous en avons plein le dos. Et là, nous nous retrouvons dans un petit bled sans vie et sans âme, avec un vieux bizarre qui ne comprend pas un mot de ce qu’on lui raconte. Il nous amène dans sa voiture au fin fond d’une forêt sordide, et là, en plein virage, il se gare et nous annonce qu’on est arrivé. Que les deux misérables terrains qui entourent la route, c’est le camping.



Nous, on tombe des nus, bien sûr. D’autant que le petit vieux veut absolument nous caser dans un bungalow, dans lequel je ne mettrais les pieds pour rien au monde vu l’état du reste du camping. Et nous, on a beau lui expliquer qu’on a une tente, noooon, il ne veut rien savoir. On a mis au moins dix minutes pour qu’il comprenne. On s’est retrouvé sur un bout de terre mal entretenu, en friche, avec de l’herbe jusqu’au milieu des mollets et des saletés de bestioles qui nous dévoraient les jambes.
On avait du sang plein les mollets (surtout Yvonne). On nous a dit par la suite que c’était des piqûres de moustiques, mais dans ce cas c’est des moustiques qui viennent crypton, parce que même Dracula fait pas des trous aussi profond avec ses canines. En suite on a vu la cuisine.

Si on peut vraiment parler de cuisine car c'était plus quatre bouts de bois surmontées de vieilles tuiles avec des casseroles brulées au troisième degré en mode invalide à 85% et des vieux fauteuils de bureaux sûrement habités par des vies extraterrestres.

Et quand le vieux nous a montrer les sanitaires, on a bien failli fuir, et je crois qu’on aurait mieux fait de prendre tout de suite nos jambes à notre cou. Les toilettes passent encore, une fois qu’on a compris que le système de chasse d’eau se fait avec un pistolet karcher. Mais quand il a commencé à rincer le fond de la douche en nous montrant son fonctionnement, on s’est dit que là, ce ne serait vraiment pas possible. Le fond de la douche était tapissé de terre et n’avait pas dû voir la couleur d’une éponge depuis au mois six siècles. Nous, proches de la dépression, avons monté la tente en vitesse. Le temps de comprendre les dessins pourri d’explications. On a fourré toutes nos affaires à l’intérieur et on a fuit en ville. En mangeant, on hallucinait encore. Surtout qu’on a payé chacune 2000 yens pour cette horreur !!! Cette erreur même ! Quand nous sommes rentrées, il faisait nuit noir, et bien sûr la route était super mal allumée. Dès qu’on s’est éloignée de la ville, on s’est retrouvée dans l’obscurité totale. Imaginez vous sur une route déserte, obscure et en pleine forêt. Et après avoir fait un mémoire sur les tueurs en série. J’ai bien failli broyer la main d’Yvonne tellement je flippait ! Et encore, c’était pas le pire. Parce que quand on est arrivé et qu’on a découvert des monstres dans la douche, on a bien failli mourir de terreur. Il y avait deux énormes bestioles mutantes, hybrides entre une araignée et une sauterelle. Un truc monstrueux qui ne peut sortir que de l’esprit tordu d’un scientifique fou qui a lâché ses mutants sur la terre pour conquérir le monde !!! Du coup, on ne s’est pas lavée, mais en plus on a boycotté les toilettes, de peur de se trouver de nouveau face aux monstrueuses bêtes. Quant à la nuit que nous avons passé. Il faisait chaud, j’étais terrifiée à l’idée que l’un des mutants parvienne à se faire une entrée dans la tente, et que le vieux débarque (déjà qu’il s’était grave tapé l’incruste en nous montrant notre emplacement) en plein milieu de la nuit pour nous poignarder à travers la tente !!! Je n’ai quasiment pas fermé l’œil de la nuit, terrifiée par le moindre bruit (en plus les oiseaux sont même pas foutues de faire les mêmes chants qu’en France !!!). Le lendemain, on a remballé nos affaires en quatrième vitesse. Le vieux est arrivé à 8h15 (au lieu de neuf heures comme on avait mis dix minutes à lui faire comprendre, en japonais en plus, c’est vous dire). En même temps, ça nous allait très bien car on voulait quitter le camping de l’angoisse le plus vite possible. Et encore, arrivés à l’arrêt de bus, le vieux ne voulait plus partir. D’un autre côté, il nous a trouvé une gentille petite famille pour nous conduire en voiture à Gekkijo où nous devions rejoindre notre hôtel de jeunesse. Il n’était peut-être pas si méchant. Bref, on pue, on colle, et on peut pas se laver avant au moins 16h, car on ne peut pas récupérer nos chambres avant cette heure-là (on a quand même pu laisser nos sacs). Du coup,, on a passer notre journée du 21 juillet à errer dans Fuji-Yoshida, la ville voisine, d’où nous partons demain pour l’ascension du Fuji. On devait passer une journée reposante, mais au final on a passé notre journée à marcher. Pas sans but. Non, nous avions un objectif : trouver une pharmacie. Parce que les moustiques-vampires ont dévoré les jambes d’Yvonne, qu’elle a au moins dix piqûres autour de la même cheville, et que cette cheville à triplé de volume. Jugez vous-même. Là c'est la cheville d'Yvonne juste après les piqûres (je sais, la photo est floue, mais elle est bien assez parlante comme ça).


Et là, c'est la photo d'Yvonne le jour où nous devions gravir le Mont Fuji, soit le lendemain des piqûres. C'est tout de suite moins marrant...


On a donc parcouru plus de 2km pour trouver une pharmacie. On s’est d’abord retrouvé dans un hôpital gériatrique avant de trouver notre pharmacie et un produit pour soulager Yvonne. Finalement ce soir, comme ça n’a pas dégonflé, on est passé à la pommade anti-inflammatoire. Mais pour le coup, on est naze, Yvonne est souffrante et demain on crapahute. Ca va être vraiment dur. Saleté de camping !!!!

Horreur sur le camping


Si vous êtes friand des films d’horreur et que vous avez vu sept fois le Projet Blair Witch, ce chapitre est pour vous. Car c’est dans un enfer vert que nous avons atterri ce soir. Eteignez les lumières (ou allumez toutes les lampes de la maison si vous craignez que la peur ne vous assailles) et mettez une musique d’ambiance. Voici pour vous « Horreur sur le camping »…

Les montagnes sont couvertes de brumes. Le temps monotone laisse présager d’un orage prochain. Un bus s’arrête. Kagamuchiko Kyuku mae est un petit village sans âme, triste et lugubre. Le long de la rue principale clignote les enseignes du Lawson et du Seven Eleven. Diane et Yvonne descendent là. Le trajet a été long depuis Yokohama. Sur le bord de la route, un vieil homme les attends, pour les mener au camping. La route grimpe dans les bois, de plus en plus profondément. Soudain, la voiture s’arrête, au milieu de nulle part. Sur un côté de la route, une tente. Un peu plus loin, un bungalow décrépi, et de l’autre côté de la chaussée, un camping car à l’abandon. L’homme ne comprend pas les jeunes filles. Elles ont une tente, finissent par le faire comprendre. L’homme est étrange. Sourd peut-être. Les filles ne sont pas rassurées. Ni par le vieil homme ni par le camping. Au bord de la route, elles découvrent leur emplacement. Un terrain étroit et mal entretenu. L’herbe est haute. Elle n’a pas été coupé depuis bien longtemps. La vieille table est habitée par les fourmis et d’énormes papillons ont élus domicile dans le parasol maculé. Au fond du terrain, une vieille cabane abrite les toilettes, en piteux état et à la chasse d’eau-karcher, ainsi que les douches dont le sol est caché par la terre. Le sourire des jeunes filles s’estompe petit à petit. Où sont-elles tombées ? Que va-t-il leur arrivée dans ce camping sorti tout droit d’un mauvais film d’horreur? En contrebas, la cuisine montre ses casseroles brûlées et ses fauteuils de bureaux miteux.
Il est trop tard désormais pour faire marche arrière. Diane et Yvonne entreprennent donc de monter (laborieusement) leur tente. Leurs jambes sont dévorées par des insectes vampires, qui laissent sur leur passage des piqûres mouillées de sang. A peine installées, les filles prennent leurs sacs et redescendent en ville, à la civilisation. Elles n’ont pas encore mangé et doivent trouver le combini bien plus bas dans le village. Il fait encore jour, mais les nuages ne cessent de descendre sur la ville. Toujours aucun Fujisan à l’horizon, perdu derrière la brume.
Pendant qu’elles dégustent, en prenant le plus de temps possible leur repas, nos demoiselles ne réalisent toujours pas dans quel camping elles ont mis les pieds.
Il fait nuit quand elles reprennent la route. Rapidement, les lampadaires se font plus rares. La peur les envahit. Se tenant la main, elles accélèrent le pas, craignant à tout instant de voir surgir une bête féroce ou un tueur en série. Rien de cela pourtant, et déjà la lumière du « camping » apparaît. Mais la peur est bien là. L’angoisse surtout de se trouver dans un tel lieu. Une douche et au lit. Mais l’horreur est encore au rendez-vous. Dans la douche sale saute d’un bond joyeux un insecte monumentale, digne croisement entre une sauterelle et une araignée. Un peu plus petite que le point, d’un noir d’encre, ses longues pattes s’étirent pour permettre des bonds immenses. Une deuxième apparaît bientôt. S’en est trop. Terrifiées, Diane et Yvonne quitte en hurlant la cabane. Comment de tels insectes peuvent-ils exister ? Tremblantes, mortifiées, elles rejoignent la tente, bien décidées à ne plus mettre les pieds dehors ne serait-ce que pour aller au toilette.
Il fait une chaleur moite sous la tente. Mais rien ne réussirait à faire sortir nos jeunes filles de leur frêle demeure. Tant bien que mal, elles s’installent, tentant de trouver le sommeil, attendant avec inquiétude que le soleil montre le bout de son nez…

Transition


Nous quittons Yokohama ce 20 avril vers midi pour Kawaguchiko, une ville qui borde l’un des cinq lacs du Fujisan. Nous dormirons ce soir dans un camping, avant de rejoindre demain une auberge de jeunesse et de gravir le Mont Fuji. Nous prenons donc train après train pour arriver à Kawaguchiko, puis le bus pour rejoindre le camping…

Kamakura


Les temples de Kamakura sont au moins aussi fameux que ceux de Nikko. Aussi, en ce samedi 19 juillet, nous prenons le train pour cette ville de campagne et de bord de mer, à une petite demi-heure de Yokohama. Postée devant une carte, à la sortie de la gare, nous ne savons pas vers quel temple nous rendre. Il y en a une bonne quarantaine à travers la ville, plus ou moins proches de la gare. Après avoir fait un saut à la poste, nous dénichons un dépliant qui indique trois parcours différents. Un petit, un moyen et un grand (comme les trois ours). Prenant conseil auprès du Lonely Planet, nous choisissons donc de faire, d’un coup d’un seul, les trois parcours. Sans bus et sans peur.
Le premier temple que nous visitons est un tout petit édifice, enfoncé dans une petite rue à l’arrière de la gare.
Il nous faut un bon quart d’heure, en plein soleil, pour l’atteindre. Il ne paye pas de mine, tout en bois, avec son Torii s’ouvrant sur la rue. Sur la gauche, un petit chemin s’enfonce dans les habitations.
Il nous conduit vers un cimetière japonais, perdu en plein cœur de la végétation. L’occasion ne se représentera sûrement pas une seconde fois. Nous franchissons donc l’entrée du cimetière, espérant ne pas déranger les esprits du lieu et nous les mettre à dos.
Les tombes se succèdent sur un terrain immense, à flanc de falaise. Les pierres tombales se dressent comme de petites colonnes. De l’encens et des fleurs, ainsi que des statues de divinités sont disposées un peu partout. Au sommet d’un escalier de pierre, le cimetière s’étend encore.
Dans la montagne, des grottes accueillent d’autres tombes, sortes de caveaux naturels.
La végétation a pris totalement possession du lieu. Les araignées ont tissé leurs toiles entre les pierres et les fleurs commencent à faner. Plus grand monde ne doit venir ici aujourd’hui.
Nous dénichons un autre escalier, caché par les feuilles. Il grimpe raide vers la falaise. Nous ne sommes pas venues ici seulement pour déranger les esprits et être dévorées par les moustiques. Aussi, curieuses, nous empruntons l’escalier. Sur les pierres, des vers de terre ont succombé à la chaleur. Nous nous enfonçons plus profondément sur la montagne. Et là, au sommet de l’escalier, sur un petit espace, une pagode s’élève, vestige d’un temps de prière et de méditation.


Nous reprenons notre route vers un second temple, quelques mètres après celui que nous venons de voir. Il est en assez piteux état, et ne présente guère d’intérêt. Inutile donc d’y rester plus de temps. Notre périple est encore long. Nous devons en effet rejoindre le Daibutsu et le Grand Bouddha, beaucoup plus en contrebas dans la ville. Nous faisons auparavant un détour par un sanctuaire caché dans une grotte.
On y pénètre par une allée de torii. Là, des sanctuaires et des magasins en plein air. Et la grotte, obscure et au plafond bas. Yvonne se courbe pour pouvoir y pénétrer, quand je n’ai qu’à baisser légèrement la tête par endroit (d’où l’intérêt de faire presque la taille d’une japonaise !). Nous déambulons d’abord dans une pièce cernée de statues de divinités, et dont les points d’eau sont gorgés de pièces. Dans la salle suivante, un cours d’eau s’écoule. Au dessus, une tablette avec des écuelles en métal. Dans un coin des paniers en osiers. Les japonais déposent leur monnaie dans les paniers, puis mouillent l’argent avec l’eau de la grotte. Ce rite apporterait la richesse. Donc je l’ai essayé (il faut bien mettre toutes ses chances de son côté !).
Le problème, c’est qu’il faut ensuite faire sécher ses billets, et je peux vous le dire, c’est long !

Nous ressortons du sanctuaire par un petit chemin, qui nous conduit un peu plus haut sur la route. Nous n’en sommes pas mécontentes : la route grimpe sec et la chaleur est difficilement tenable alors que midi pointe son nez.
Assez rapidement, nous trouvons le chemin de randonnée qui nous mènera au Grand Bouddha. Nous avions bien l’option plus classique de la route, mais nous espérons trouvez un peu de fraîcheur entre les arbres.
Le chemin n’est pas très escarpé. Il reste assez difficile pour Yvonne et ses mules qui ne souhaite qu’une chose : se faire la malle. Le chemin serpente dans la forêt. Autour de nous, les bruits des oiseaux, et quelques touristes à l’occasion. Il fait chaud, mais la température est presque supportable. Nous marchons ainsi plus de deux kilomètres, soit une bonne heure trente, pour atteindre la rue et le Daibutsu.
Après une série de portiques, le Grand Bouddha se dresse devant nous.
C’est le second plus grand Bouddha du Japon, haut de 14 mètres. Assis dans sur une fleur de nénuphar, il médite, calme et imposant, sans se préoccuper de l’agitation qui l’entoure.
Car la foule se presse pour prendre un cliché du Dieu de bronze. C’est à qui sera sur la photo (et pour moi, qui je tuerait pour qu’il ne soit pas sur la mienne !).
Nous sommes épuisées et faisons une halte juste derrière le Grand Bouddha, dans une petite clairière ombragée où nous trouvons des souches pour nous assoir. Le répit n’est que de courte durée, car notre parcours est encore loin d’être fini. Notre prochaine visite, le Hase-dera, est à quelques minutes. Pour ne pas nous perdre, nous suivons les touristes. L’endroit est élevé, mais arbore une certaine sérénité.
Entre les jardins japonais, des temples et des sanctuaires où se succèdent les japonais venus faire une prière.
Nous restons également sidérées devant le nombre incroyable de minuscules statues de Jizo (bodhissatva-patron des voyageurs et des enfants morts avant terme), dressée comme une armée d’enfants de pierre.
Ils sont très nombreux...
... très très nombreux...
...vraiment très très très nombreux !
Sauf là, où il n'y a qu'une division de cette armée de statues...
Et là, où j'ai réussi à en isoler un (gniark gniark)...
Le courage nous manque pour les compter tous, mais nous leur adressons néanmoins une petite prière afin qu’ils nous soutiennent dans notre périple.
Là, c'est nous en voyant les Jizo : c'est mignon !!!!
Et dessous, c'est nous après avoir compté les trois premiers : mais c'est pas possible, ils sont au moins un million, ça les tuerait de mettre un panneau avec le nombre exact ?!!!
Nous sommes affamées, mais le restaurant du lieu est bien trop cher. Prenant notre mal en patience, nous montons découvrir le jardin botanique, peu fleuri en cette saison, et son magnifique panorama.Nous voyons Kamakura en contrebas, et la mer et ses surfeurs. Si nous ne devions encore remonter jusqu’au centre ville, nous irions sans conteste y faire une halte.

La grande rue qui nous ramène au cœur de Kamakura est bordée de magasin. Nous y trouvons même un combini pour nous y restaurer, et manger, à notre habitude, sur le premier banc venu. Le trajet est long pour rejoindre la gare, et nos visites sont loin d’être terminées.
A quelques pas de la gare, nous entrons dans le Tsurugaoka Hachiman-gû, le plus grand sanctuaire shintoïste de Kamakura (ce qui n’est pas peu dire).
Nous le parcourons tranquillement, en particulier ses jardins et ses allées où nous dégustons un kakigori (glace pillée arrosée de sirop, typiquement japonaise…le mieux est d’attendre que le sirop ait imprégné toute la glace, et qu’elle ait un peu fondu pour la déguster).
Des glaces exotiques qui donnent même une langue bleue à Yvonne !
Le temple en lui-même se trouve au sommet d’une longue série de marches, qui finira de nous achever.
Allons, courage, nous n’avons peur de rien et cherchons au fond de nos souliers nos dernières forces pour pousser nos visites jusqu’aux derniers temples, sur la route de la gare de Kita-Kamakura. Nous forçons l’allure (autant que possible compte tenu de notre fatigue et de la chaleur ambiante) pour arriver avant la fermeture des édifices, entre 16h30 et 17h. Tant bien que mal, nous atteignons l’Enno-ji, un temple modeste, qui se distingue par ses statues des juges de l’enfer. Elles sont terrifiantes, et toise chaque visiteur d’un regard foudroyant. On croirait qu’elles peuvent percer nos plus intimes secrets, qu’elles peuvent lire en nous et juger chacun de nos actes. Alors que je parcours le temple, légèrement impressionnée par le charisme de ces statues, un couple prie chacun des juges. Enfin, la femme prie, pendant que son mari décrypte les explications qui précèdent chaque statue. Dès qu’elle s’approche d’un juge important, comme Emma qui commande aux dix rois de l’enfer et préside cette assemblée, elle appelle son mari à joindre ses prières à elle.
Face à l’Enno-ji, un peu plus bas dans la rue, se dresse le Kencho-Ji...
... et son extraordinaire jardin zen, à l’arrière d’une salle de prière où méditent trois moines.
Il sera le dernier temple que nous visiterons. Nous n’aurons en effet pas le courage de poursuivre nos découvertes, après une bonne de dizaines de kilomètres parcourus dans la journée.
Nous nous traînons (c’est bien le terme qui convient) jusqu’à la gare, puis jusqu’à notre hôtel. Nous n’aurons plus la force de faire quoi que ce soit ce soir (hormis ramper jusqu’à la salle de bain au cinquième étage, maintenant que nous sommes redescendues vivre au premier, puis jusqu’au combini, et enfin sur le toit de l’immeuble où nous dînerons et papoterons toute la soirée entre les arbres et les moustiques).