dimanche 3 août 2008

Changement de programme


Une épaisse masse nuageuse s’accumule autour du Mont Fuji. Même à son pied, impossible de l’apercevoir. Depuis deux semaines que nous parcourons la région de Tokyo, et toujours aucun Fujian à l’horizon. De tous les observatoires que nous aurons visité, de tous les lieux que nous aurons traversé, nous n’aurons vu du Mont Fuji que ses nuages protecteurs.
Il n’est pas loin de 6h45 ce mardi 22 juillet quand nous atteignons le pied de la montagne mythique. Il nous aura fallu quarante bonnes minutes pour arriver là, depuis notre auberge de jeunesse à Gekkoji. Mon gros sac sur les épaules, je transporte le nécessaire pour notre ascension : vêtements chauds et nourriture pour quatre repas. Il n’est guère rempli mais pèse néanmoins sur mon dos fatigué. Derrière moi, Yvonne se traîne laborieusement. Son pied la fait souffrir, il n’a pas désenflé pendant la nuit. Alors que nous pouvons enfin toucher du doigt le plus grand jour de notre voyage, il faut nous rendre à l’évidence. Nous devons renoncer à l’ascension. L’état de la cheville d’Yvonne est critique, et crapahuter sur 1300m ainsi risquerait de mettre sa santé en danger. D’autant que nous devrions rebrousser chemin en cours de route. Il est clair qu’Yvonne n’a pas la force d’atteindre le sommet.
Assise sur le bord de la chaussée, elle a les larmes aux yeux. La terrible nuit au camping a gâché notre ascension. Pestant contre le petit vieux, elle retrouve quelques forces. Il est encore tôt. Suffisamment pour changer nos plans. De l’autre côté de la route, le Coco’s, un café-restaurant ouvre ses portes. Tout nos efforts n’auront pas été vains, et nous avons besoin d’un bon remontant. Nous sommes déçues. Nous parlons de ce jour depuis notre départ et même bien avant. Devoir y renoncer s’avère pour nous une décision aussi cuisante qu’un échec. Notre quatrième tasse de chocolat fumant à la main (les boissons sont à volonté…ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !), nous décidons de retenter l’ascension en août, avant de rentrer sur Tokyo. En attendant, nous poursuivrons notre route vers Nagoya.
Il n’est pas loin de 9h quand nous atteignons notre auberge de jeunesse. Sur le chemin, un jeune à vélo nous harcèle. Yvonne, forte de son japonais, s’en débarrasse avec grâce, même lorsqu’il revient à la charge (coriace le pervers !!!). Notre hôtesse nous indique les bus et trains à prendre pour se rendre à Nagoya, et nous aide même à réserver une chambre pour la nuit. Je refais mon sac (vidé pour les deux jours de marche), puis nous reprenons la route. Nous avons tout juste vingt minutes pour arriver à la gare de Fuji-Yoshida avant le départ de notre bus. Autant dire : Mission impossible. Chargées comme des mulets, nous prenons le pas de course pour battre des records de vitesse. Yvonne suit tant bien que mal. Et nous arrivons à l’heure, avec trois minutes d’avance (on applaudit bien fort !!!). Mais le challenge n’est pas encore gagné, car il nous reste à prendre nos tickets, avec deux clients d’une lenteur à faire frémir de rage un paresseux juste devant nous, et une vendeuse cruche incapable de trouver le bus qui part dans les trois minutes. Quand enfin elle comprend qu’un bus direct est sur le départ et qu’il nous intéresse plus que le bus avec changement qui part dans une heure (elle nous a quand même proposé un bus qui était déjà parti…!!!), le bus est à l’arrêt, prêt à partir et Yvonne le montre frénétiquement du doigt. Enfin, elle réagit, demande au chauffeur, par radio, de nous attendre. Et nous partons en courant sur le quai d’en face.
Le trajet en lui-même était particulièrement agréable (mais long : 1h30 de bus). Nous avons traversé la campagne japonaise et des petits villages de charmes. Nous avons aussi pas mal dormi (narcolepsie du transport). Dans le bus, il y avait également deux couples d’occidentaux qui voyageaient ensemble. Nous avons ensuite pris le Shinkansen, pour arriver éreinter, une demi-heure plus tard, à Nagoya.

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