dimanche 10 août 2008

Rencontre avec un requin-baleine


L’aquarium se profile enfin à l’extrémité de la baie d’Osaka. Nous marchons depuis une bonne demi-heure, n’ayant voulu prendre le métro pour souci d’économie. Nous avions pourtant été prévenues que le trajet serait long au départ de la gare JR, mais faisant confiance à nos jambes, nous choisissons la voie sportive. C’était sans compter le soleil japonais. Car en arrivant à Osaka, nous avons atterri dans une ville sponsorisée par Peter Pan : pas une ombre à l’horizon, pas un minuscule raie d’obscurité, du soleil partout, où que se portent nos regards (sauf sur les parkings aménagés juste en dessous du métro). Péniblement, nous progressons le long d’une interminable avenue, suivant les rails du métro. Quelques arbres bordent la route. Ils n’offrent qu’une infime protection. D’autant qu’ils longent la piste cyclable que nous investissons en dépit du péril. Il faut reconnaître que c’est la première piste cyclable que nous croisons dans ce voyage, et que nous avons donc pris l’habitude d’éviter les vélos qui investissent en temps normal le trottoir, sans faire grand cas des piétons. Par chance, des combinis bordent notre parcours et nous faisons régulièrement des pauses climatisation, renommée par mes soins « pause sèche linge », et même une pause glace à la menthe (il ne s’agit pas de gourmandise mais de reprendre des force pour finir notre route…).
Ainsi donc, nous finissons par trouver l’aquarium. Il nous aura suffit, à la fin de l’avenue, de suivre la grande roue (qui serait la plus grande roue du monde…). A l’entrée de l’aquarium, des poissons, des dauphins et un requin-baleine en fil de fer accueillent les visiteurs. Le requin-baleine est l’attraction principale de l’aquarium, est la raison pour laquelle nous sacrifions 2000 yens de notre budget (pour la peine, il a intérêt à être bien portant !). La matinée n’est pas encore trop avancée et la foule ne se presse pas encore aux portes. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’il n’y a personne. Tout au moins pourrons accéder aux bassins avec un minimum de facilité. Juste après l’entrée se dresse une première boutique de souvenirs. Nous empruntons un petit escalator et nous retrouvons dans un tunnel tout en verre d’où nous pouvons observer des poissons et des petits requins. Nous avons le sentiment de marcher au fond de l’océan. L’eau qui nous entoure (derrière la vitre, nous ne sommes pas encore des sirènes, enfin pas complètement), traversée par les rayons du soleil, déforme les objets, les poissons, le corail et nous laisse étourdies. Nous arrivons ensuite dans le bassin des loutres. Leur environnement a été reconstitué. Autour de nous se dresse des murs de pierres d’où s’écoule une cascade. En contrebas, dans un bassin, trois loutres bronzent au soleil. Pendant que deux se font des papouilles, la troisième plonge se rafraîchir et se faire un brin de toilette. Elles sont adorables (et je me verrais bien en ramener une pour jouer avec ma chienne…). Autre bassin, autres animaux. Après les loutres, les phoques et les otaries (j‘en ramènerais bien une pour jouer avec ma loutre…). Et là, on ne joue plus dans la même catégorie. J’ai bien vu des documentaires sur les phoques et des spectacles avec des otaries, mais je n’aurais jamais pensé que ces animaux puissent être aussi massifs. Pour être exacte, ils sont énormes, monumentaux, incroyablement dodus, et malgré leur poids et leur taille (surtout leur poids), ils se meuvent avec une grâce infini dans l’eau claire de leur bassin. L’otarie s’amuse à faire des tours dans l’eau. Elle ne cesse de virevolter en tout sens pendant que les phoques sèchent sur la terre ferme. Au milieu du bassin, un tréteau de bois. Les mammifères ne semblent pas avoir le courage d’y monter. Tout juste y repose-t-ils leur tête le temps de reprendre un peu d’oxygène. Soudain, un phoque, le pelage blanc-gris parsemé de taches noires, prend son élan et se hisse sur le tréteau, glissant de toute sa masse pour s’y installer au mieux. Ils est à moins d’un mètre de nous, juste de l’autre côté de la vitre. L’otarie lui chatouille les pattes (ou nageoires, c’est un peu un mélange des deux), mais le phoque demeure imperturbable. Mieux, il s’étend de tout son long sur le flanc, comme pour narguer ses compagnons et exposer le plus de surface aux rayons du soleil.
Après les otaries, les dauphins. Souples, gracieux, joueurs. L’un d’eux prend un malin plaisir à longer la vitre en y collant sa langue, rendant les enfants fous de joie (et nous fous de douleurs : les enfants, ça crie !). Un second fait de petit bond à la surface, comme pour attirer les visiteurs. Les dauphins sont espiègles, et nous irions volontiers faire trempette dans leur bassin.
Nous traversons ensuite de nombreux aquariums, découvrant des poissons aux formes et aux couleurs des plus originales. A chaque virage, nous nous enfonçons plus profondément. Ainsi est construit l’aquarium d’Osaka : nous tournons en rond, retrouvant incessamment les mêmes bassins, mais à des niveaux différents (huit très précisément), avec donc différentes vies sous-marines. Enfin, nous atteignons LE bassin. En plein cœur du bâtiment, il est gigantesque. C’est qu’il faut de l’espace pour accueillir non pas un, mais deux requins-baleines, avec leur cour de raies (dont les sublimes raies mantas et celles que je nommerais raies Cyrano en référence à leur nez), de requins (marteaux et à pointes blanches) et de tous petits poissons. Ces bancs sont assez marrants car ils ne cessent de suivre l’un des requin-baleine dans tous ces mouvement, comme des groupies suivraient leur star préférée. Nous restons un long moment à regarder les requins et les raies. En partie car le spectacle est magnifique. Les requins-baleines font facilement quatre mètres de long (on les pensait beaucoup plus grands, mais bon, c’est déjà pas mal….) et évoluent dans le bassin avec des mouvement très lents, très posés. Ils donnent vraiment l’impression d’être les rois du bassin. Les raies ont des mouvements plus aérien, comme si elles volaient dans l’aquarium. Elles s’amusent à surprendre les visiteurs en surgissant devant eux, collées aux vitres. Yvonne n’apprécie d’ailleurs guère ce petit jeu. Ce qui m’amène à la deuxième raison qui nous pousse à rester devant ce bassin : la clim’ (qui semble être une bénédiction où que nous la trouvions). Pour mieux en profiter, en tout cas pour ne pas être qu’une spectatrice passive, je m’amuse à faire parler les poissons, notamment celui qui a le nez tout écrasé (de s’être encore fait expédier contre la vitre du bassin par la queue du requin-baleine…). Dernière raison enfin, laissez avancer le flot de visiteurs qui ne cessent de grandir, et surtout les hordes d’enfants déchainés qui ne cessent de hurler et de bousculer toute personne ayant le malheur de se trouver sur leur chemin, sans pour autant s’excuser, ce qui a le don de nous mettre hors de nous.
Le reste de l’aquarium se compose de poissons dont je vous passerais la description (d’une part car il y en avait bien trop pour tous les citer ici, et je ne voudrais pas attiser leur jalousie, d’autre part car je n’ai pu déchiffrer leurs noms en japonais et que je m’en voudrais de vous faire une description incomplète). Retenez juste qu’il y avait suffisamment de poissons pour nous retenir deux heures dans l’aquarium et qu’il ne faut pas énerver un requin-baleine si l‘on tient à son nez. La visite s’est terminée par une salle pédagogique où l’on pouvait observer certains poissons de plus près ainsi que des méduses, comprendre la différence entre le requin-baleine (gentil car pas de dents) et le requin blanc (méchants car quenottes très très très aiguisées). Enfin, comme à notre habitude, nous avons arpenté en long en large et en travers les boutiques de souvenirs regroupées à la sortie de l’aquarium.

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