vendredi 1 août 2008

Kamakura


Les temples de Kamakura sont au moins aussi fameux que ceux de Nikko. Aussi, en ce samedi 19 juillet, nous prenons le train pour cette ville de campagne et de bord de mer, à une petite demi-heure de Yokohama. Postée devant une carte, à la sortie de la gare, nous ne savons pas vers quel temple nous rendre. Il y en a une bonne quarantaine à travers la ville, plus ou moins proches de la gare. Après avoir fait un saut à la poste, nous dénichons un dépliant qui indique trois parcours différents. Un petit, un moyen et un grand (comme les trois ours). Prenant conseil auprès du Lonely Planet, nous choisissons donc de faire, d’un coup d’un seul, les trois parcours. Sans bus et sans peur.
Le premier temple que nous visitons est un tout petit édifice, enfoncé dans une petite rue à l’arrière de la gare.
Il nous faut un bon quart d’heure, en plein soleil, pour l’atteindre. Il ne paye pas de mine, tout en bois, avec son Torii s’ouvrant sur la rue. Sur la gauche, un petit chemin s’enfonce dans les habitations.
Il nous conduit vers un cimetière japonais, perdu en plein cœur de la végétation. L’occasion ne se représentera sûrement pas une seconde fois. Nous franchissons donc l’entrée du cimetière, espérant ne pas déranger les esprits du lieu et nous les mettre à dos.
Les tombes se succèdent sur un terrain immense, à flanc de falaise. Les pierres tombales se dressent comme de petites colonnes. De l’encens et des fleurs, ainsi que des statues de divinités sont disposées un peu partout. Au sommet d’un escalier de pierre, le cimetière s’étend encore.
Dans la montagne, des grottes accueillent d’autres tombes, sortes de caveaux naturels.
La végétation a pris totalement possession du lieu. Les araignées ont tissé leurs toiles entre les pierres et les fleurs commencent à faner. Plus grand monde ne doit venir ici aujourd’hui.
Nous dénichons un autre escalier, caché par les feuilles. Il grimpe raide vers la falaise. Nous ne sommes pas venues ici seulement pour déranger les esprits et être dévorées par les moustiques. Aussi, curieuses, nous empruntons l’escalier. Sur les pierres, des vers de terre ont succombé à la chaleur. Nous nous enfonçons plus profondément sur la montagne. Et là, au sommet de l’escalier, sur un petit espace, une pagode s’élève, vestige d’un temps de prière et de méditation.


Nous reprenons notre route vers un second temple, quelques mètres après celui que nous venons de voir. Il est en assez piteux état, et ne présente guère d’intérêt. Inutile donc d’y rester plus de temps. Notre périple est encore long. Nous devons en effet rejoindre le Daibutsu et le Grand Bouddha, beaucoup plus en contrebas dans la ville. Nous faisons auparavant un détour par un sanctuaire caché dans une grotte.
On y pénètre par une allée de torii. Là, des sanctuaires et des magasins en plein air. Et la grotte, obscure et au plafond bas. Yvonne se courbe pour pouvoir y pénétrer, quand je n’ai qu’à baisser légèrement la tête par endroit (d’où l’intérêt de faire presque la taille d’une japonaise !). Nous déambulons d’abord dans une pièce cernée de statues de divinités, et dont les points d’eau sont gorgés de pièces. Dans la salle suivante, un cours d’eau s’écoule. Au dessus, une tablette avec des écuelles en métal. Dans un coin des paniers en osiers. Les japonais déposent leur monnaie dans les paniers, puis mouillent l’argent avec l’eau de la grotte. Ce rite apporterait la richesse. Donc je l’ai essayé (il faut bien mettre toutes ses chances de son côté !).
Le problème, c’est qu’il faut ensuite faire sécher ses billets, et je peux vous le dire, c’est long !

Nous ressortons du sanctuaire par un petit chemin, qui nous conduit un peu plus haut sur la route. Nous n’en sommes pas mécontentes : la route grimpe sec et la chaleur est difficilement tenable alors que midi pointe son nez.
Assez rapidement, nous trouvons le chemin de randonnée qui nous mènera au Grand Bouddha. Nous avions bien l’option plus classique de la route, mais nous espérons trouvez un peu de fraîcheur entre les arbres.
Le chemin n’est pas très escarpé. Il reste assez difficile pour Yvonne et ses mules qui ne souhaite qu’une chose : se faire la malle. Le chemin serpente dans la forêt. Autour de nous, les bruits des oiseaux, et quelques touristes à l’occasion. Il fait chaud, mais la température est presque supportable. Nous marchons ainsi plus de deux kilomètres, soit une bonne heure trente, pour atteindre la rue et le Daibutsu.
Après une série de portiques, le Grand Bouddha se dresse devant nous.
C’est le second plus grand Bouddha du Japon, haut de 14 mètres. Assis dans sur une fleur de nénuphar, il médite, calme et imposant, sans se préoccuper de l’agitation qui l’entoure.
Car la foule se presse pour prendre un cliché du Dieu de bronze. C’est à qui sera sur la photo (et pour moi, qui je tuerait pour qu’il ne soit pas sur la mienne !).
Nous sommes épuisées et faisons une halte juste derrière le Grand Bouddha, dans une petite clairière ombragée où nous trouvons des souches pour nous assoir. Le répit n’est que de courte durée, car notre parcours est encore loin d’être fini. Notre prochaine visite, le Hase-dera, est à quelques minutes. Pour ne pas nous perdre, nous suivons les touristes. L’endroit est élevé, mais arbore une certaine sérénité.
Entre les jardins japonais, des temples et des sanctuaires où se succèdent les japonais venus faire une prière.
Nous restons également sidérées devant le nombre incroyable de minuscules statues de Jizo (bodhissatva-patron des voyageurs et des enfants morts avant terme), dressée comme une armée d’enfants de pierre.
Ils sont très nombreux...
... très très nombreux...
...vraiment très très très nombreux !
Sauf là, où il n'y a qu'une division de cette armée de statues...
Et là, où j'ai réussi à en isoler un (gniark gniark)...
Le courage nous manque pour les compter tous, mais nous leur adressons néanmoins une petite prière afin qu’ils nous soutiennent dans notre périple.
Là, c'est nous en voyant les Jizo : c'est mignon !!!!
Et dessous, c'est nous après avoir compté les trois premiers : mais c'est pas possible, ils sont au moins un million, ça les tuerait de mettre un panneau avec le nombre exact ?!!!
Nous sommes affamées, mais le restaurant du lieu est bien trop cher. Prenant notre mal en patience, nous montons découvrir le jardin botanique, peu fleuri en cette saison, et son magnifique panorama.Nous voyons Kamakura en contrebas, et la mer et ses surfeurs. Si nous ne devions encore remonter jusqu’au centre ville, nous irions sans conteste y faire une halte.

La grande rue qui nous ramène au cœur de Kamakura est bordée de magasin. Nous y trouvons même un combini pour nous y restaurer, et manger, à notre habitude, sur le premier banc venu. Le trajet est long pour rejoindre la gare, et nos visites sont loin d’être terminées.
A quelques pas de la gare, nous entrons dans le Tsurugaoka Hachiman-gû, le plus grand sanctuaire shintoïste de Kamakura (ce qui n’est pas peu dire).
Nous le parcourons tranquillement, en particulier ses jardins et ses allées où nous dégustons un kakigori (glace pillée arrosée de sirop, typiquement japonaise…le mieux est d’attendre que le sirop ait imprégné toute la glace, et qu’elle ait un peu fondu pour la déguster).
Des glaces exotiques qui donnent même une langue bleue à Yvonne !
Le temple en lui-même se trouve au sommet d’une longue série de marches, qui finira de nous achever.
Allons, courage, nous n’avons peur de rien et cherchons au fond de nos souliers nos dernières forces pour pousser nos visites jusqu’aux derniers temples, sur la route de la gare de Kita-Kamakura. Nous forçons l’allure (autant que possible compte tenu de notre fatigue et de la chaleur ambiante) pour arriver avant la fermeture des édifices, entre 16h30 et 17h. Tant bien que mal, nous atteignons l’Enno-ji, un temple modeste, qui se distingue par ses statues des juges de l’enfer. Elles sont terrifiantes, et toise chaque visiteur d’un regard foudroyant. On croirait qu’elles peuvent percer nos plus intimes secrets, qu’elles peuvent lire en nous et juger chacun de nos actes. Alors que je parcours le temple, légèrement impressionnée par le charisme de ces statues, un couple prie chacun des juges. Enfin, la femme prie, pendant que son mari décrypte les explications qui précèdent chaque statue. Dès qu’elle s’approche d’un juge important, comme Emma qui commande aux dix rois de l’enfer et préside cette assemblée, elle appelle son mari à joindre ses prières à elle.
Face à l’Enno-ji, un peu plus bas dans la rue, se dresse le Kencho-Ji...
... et son extraordinaire jardin zen, à l’arrière d’une salle de prière où méditent trois moines.
Il sera le dernier temple que nous visiterons. Nous n’aurons en effet pas le courage de poursuivre nos découvertes, après une bonne de dizaines de kilomètres parcourus dans la journée.
Nous nous traînons (c’est bien le terme qui convient) jusqu’à la gare, puis jusqu’à notre hôtel. Nous n’aurons plus la force de faire quoi que ce soit ce soir (hormis ramper jusqu’à la salle de bain au cinquième étage, maintenant que nous sommes redescendues vivre au premier, puis jusqu’au combini, et enfin sur le toit de l’immeuble où nous dînerons et papoterons toute la soirée entre les arbres et les moustiques).

Aucun commentaire: