vendredi 1 août 2008

Où nos héroïnes se lâchent


Maintenant que vous avez pris connaissance de la version bien sage, qui fait soi-disant peur (mais après relecture, je m’aperçois qu’il fallait vraiment y être pour avoir la frousse), je vous livre à présent nos impressions directes sur cette soirée de l’horreur. Déjà, nous sommes fracassées par les trois heures de trains (et les trois trains différents) que nous avons dû prendre pour aller à Kawagachi-ko. Nous avons dû prendre un bus étroit et vieillot. Nous en avons plein le dos. Et là, nous nous retrouvons dans un petit bled sans vie et sans âme, avec un vieux bizarre qui ne comprend pas un mot de ce qu’on lui raconte. Il nous amène dans sa voiture au fin fond d’une forêt sordide, et là, en plein virage, il se gare et nous annonce qu’on est arrivé. Que les deux misérables terrains qui entourent la route, c’est le camping.



Nous, on tombe des nus, bien sûr. D’autant que le petit vieux veut absolument nous caser dans un bungalow, dans lequel je ne mettrais les pieds pour rien au monde vu l’état du reste du camping. Et nous, on a beau lui expliquer qu’on a une tente, noooon, il ne veut rien savoir. On a mis au moins dix minutes pour qu’il comprenne. On s’est retrouvé sur un bout de terre mal entretenu, en friche, avec de l’herbe jusqu’au milieu des mollets et des saletés de bestioles qui nous dévoraient les jambes.
On avait du sang plein les mollets (surtout Yvonne). On nous a dit par la suite que c’était des piqûres de moustiques, mais dans ce cas c’est des moustiques qui viennent crypton, parce que même Dracula fait pas des trous aussi profond avec ses canines. En suite on a vu la cuisine.

Si on peut vraiment parler de cuisine car c'était plus quatre bouts de bois surmontées de vieilles tuiles avec des casseroles brulées au troisième degré en mode invalide à 85% et des vieux fauteuils de bureaux sûrement habités par des vies extraterrestres.

Et quand le vieux nous a montrer les sanitaires, on a bien failli fuir, et je crois qu’on aurait mieux fait de prendre tout de suite nos jambes à notre cou. Les toilettes passent encore, une fois qu’on a compris que le système de chasse d’eau se fait avec un pistolet karcher. Mais quand il a commencé à rincer le fond de la douche en nous montrant son fonctionnement, on s’est dit que là, ce ne serait vraiment pas possible. Le fond de la douche était tapissé de terre et n’avait pas dû voir la couleur d’une éponge depuis au mois six siècles. Nous, proches de la dépression, avons monté la tente en vitesse. Le temps de comprendre les dessins pourri d’explications. On a fourré toutes nos affaires à l’intérieur et on a fuit en ville. En mangeant, on hallucinait encore. Surtout qu’on a payé chacune 2000 yens pour cette horreur !!! Cette erreur même ! Quand nous sommes rentrées, il faisait nuit noir, et bien sûr la route était super mal allumée. Dès qu’on s’est éloignée de la ville, on s’est retrouvée dans l’obscurité totale. Imaginez vous sur une route déserte, obscure et en pleine forêt. Et après avoir fait un mémoire sur les tueurs en série. J’ai bien failli broyer la main d’Yvonne tellement je flippait ! Et encore, c’était pas le pire. Parce que quand on est arrivé et qu’on a découvert des monstres dans la douche, on a bien failli mourir de terreur. Il y avait deux énormes bestioles mutantes, hybrides entre une araignée et une sauterelle. Un truc monstrueux qui ne peut sortir que de l’esprit tordu d’un scientifique fou qui a lâché ses mutants sur la terre pour conquérir le monde !!! Du coup, on ne s’est pas lavée, mais en plus on a boycotté les toilettes, de peur de se trouver de nouveau face aux monstrueuses bêtes. Quant à la nuit que nous avons passé. Il faisait chaud, j’étais terrifiée à l’idée que l’un des mutants parvienne à se faire une entrée dans la tente, et que le vieux débarque (déjà qu’il s’était grave tapé l’incruste en nous montrant notre emplacement) en plein milieu de la nuit pour nous poignarder à travers la tente !!! Je n’ai quasiment pas fermé l’œil de la nuit, terrifiée par le moindre bruit (en plus les oiseaux sont même pas foutues de faire les mêmes chants qu’en France !!!). Le lendemain, on a remballé nos affaires en quatrième vitesse. Le vieux est arrivé à 8h15 (au lieu de neuf heures comme on avait mis dix minutes à lui faire comprendre, en japonais en plus, c’est vous dire). En même temps, ça nous allait très bien car on voulait quitter le camping de l’angoisse le plus vite possible. Et encore, arrivés à l’arrêt de bus, le vieux ne voulait plus partir. D’un autre côté, il nous a trouvé une gentille petite famille pour nous conduire en voiture à Gekkijo où nous devions rejoindre notre hôtel de jeunesse. Il n’était peut-être pas si méchant. Bref, on pue, on colle, et on peut pas se laver avant au moins 16h, car on ne peut pas récupérer nos chambres avant cette heure-là (on a quand même pu laisser nos sacs). Du coup,, on a passer notre journée du 21 juillet à errer dans Fuji-Yoshida, la ville voisine, d’où nous partons demain pour l’ascension du Fuji. On devait passer une journée reposante, mais au final on a passé notre journée à marcher. Pas sans but. Non, nous avions un objectif : trouver une pharmacie. Parce que les moustiques-vampires ont dévoré les jambes d’Yvonne, qu’elle a au moins dix piqûres autour de la même cheville, et que cette cheville à triplé de volume. Jugez vous-même. Là c'est la cheville d'Yvonne juste après les piqûres (je sais, la photo est floue, mais elle est bien assez parlante comme ça).


Et là, c'est la photo d'Yvonne le jour où nous devions gravir le Mont Fuji, soit le lendemain des piqûres. C'est tout de suite moins marrant...


On a donc parcouru plus de 2km pour trouver une pharmacie. On s’est d’abord retrouvé dans un hôpital gériatrique avant de trouver notre pharmacie et un produit pour soulager Yvonne. Finalement ce soir, comme ça n’a pas dégonflé, on est passé à la pommade anti-inflammatoire. Mais pour le coup, on est naze, Yvonne est souffrante et demain on crapahute. Ca va être vraiment dur. Saleté de camping !!!!

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