mercredi 23 juillet 2008

Les temples de Nikkô


Je profite de nos longs trajets de trains (trois fois une heure) qui nous mènent au pied du Mont Fuji pour avancer l’histoire de Diane et Yvonne dans ce pays lointain qu’est le Japon. Nous sommes aujourd’hui dimanche 20 juillet, mais reprenons le cours de notre histoire, le 17 juillet dernier.
Nous avons donc passé la nuit à Nikkô, dans une auberge de jeunesse au pied d’une rivière. Pour la première fois de notre voyage, nous nous éveillons sur les coups de 7h30, soit bien avant que le réveil emprunté à notre hôtesse n’ai retenti. Ce réveil matinal est de bon augure : nous pourrons profiter des temples de Nikkô avant qu’ils ne soient envahis par la foule.
Nikkô est une ville perdue dans la campagne qui compte quelques 95 000 habitants. Ses sanctuaires et ses temples, principaux centres d’intérêt de la ville, sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils sont réunis au sein du parc naturel de Nikkô, que nous n’aurons malheureusement pas le temps de parcourir plus avant.

Pour la petite histoire (il était temps, un peu de culture ! ), le moine bouddhiste Shôdô Shônin fonda un ermitage à Nikkô au milieu du VIIIe siècle. C’est à cette période que Nikkô devint un site sacré et un important centre d’enseignement bouddhique. La ville tomba ensuite dans l’oubli, jusqu’à ce qu’un seigneur de la guerre lui redonne une notoriété. En effet, au XVIIe siècle Nikkô accueille le mausolée d’Ieyasu Tokugawa, seigneur de la guerre qui prit le contrôle du pays, et établit le shogunat qui régna durant 250 ans, jusqu’à la fin de la période féodale et la Restauration de Meiji. Aujourd’hui, la ville attire des milliers de visiteurs venus découvrir ces temples ancestraux.
Si le site est situé à une trentaine de minutes de la gare, il ne se trouve qu’à une dizaine de minutes de notre hébergement. C’est donc fraîches et pimpantes (traduisez : avec des cernes jusqu’au milieu du visage) que nous avons entamé notre visite des temples.

Avant même d’entrer dans l’enceinte du parc, nous passons devant un pont sacré, le Shin-Kyô. Rouge vermillon, ce pont surmonte la rivière Daiya (celle-là même qui longe notre auberge). Il est la réplique exacte d’un ouvrage du XVIIe siècle. Une légende entoure bien sûr l’histoire de ce pont. On raconte que Shôdô Shônin aurait traversé la rivière, ici-mêle, sur le dos de deux serpents géants (il avait pas peur, lui !).
Le parc dénote complètement du reste de la ville. Des marches en pierre recouvertes de mousse, des lanternes sur le bord des allées, des arbres et de la verdure de tout côté. Un havre de paix en cette heure matinale où les touristes n’affluent pas encore.



Notre plan de Nikkô à la main, nous cherchons le guichet pour nous procurer le billet combiné qui nous donne accès à presque tous les temples. Difficile de se retrouver dans toutes ces allées ! Par chance, derrière nous arrive notre couple tchèque, compatriote de l’auberge, et notre française qui connaît le chemin.
Le premier temple que nous visitons se situe juste sur la gauche du guichet. Il s’agit du Rinnô-Ji, temple de l’école bouddhique Tendai, fondé il y a 1200 ans par Shôdô Shônin, dont la statue en position du lotus trône à l’entrée du temple.



L’architecture du temple ne diffère guère (pour nos yeux de néophytes) de celle des autres temples. Mais à l’intérieur du Rennô-ji se cache un véritable joyau. Trois statues dorées de Bouddhas, les plus hauts Bouddhas assis en bois du Japon avec leurs 8m de hauteur. Au centre se trouve Amida Nyorai, l’une des principales divinités du bouddhisme mahayana. Elle est entourée de Senjû, une Kannon au mille bras (Kannon étant la déesse du Pardon et de la Compassion) et de Batô, une Kannon à tête de cheval. Elles sont posées sur des fleurs de nénuphars (je crois...). Le travail est remarquable, extraordinairement ouvragé. Les Bouddhas sont imposants. On se sent presque minuscules à leurs pieds et emplis de spiritualité. Un véritable appel à la prière.
Le Rennô-ji, comme beaucoup d’autres temples de Nikkô, est en travaux. D’importantes rénovations sont à l’œuvre sur les édifices en bois, dont beaucoup sont dévorés par les termites.
Nous poursuivons notre parcours et entrons dans le Tôshô-gû, un sanctuaire shintoïste dont l’entrée est marquée par un gigantesque torii en pierre.

Le temple montre une profusion de sculptures, de bas reliefs très ouvragés et représentant de nombreux personnages comme le célère trio de singes dont les noms signifient « Je ne dis pas le mal », « Je ne vois pas le mal », « Je n’écoute pas le mal », et symbolisent les trois principes de l’école Tendai. Les trois singes sont aisément reconnaissables : l’un se cache les yeux, l’autre la bouche et le troisième se bouche les oreilles. A l’entrée, les fidèles se purifient en se rinçant les mains et la bouche. Sous un pavillon, il y a ainsi un bassin en granite avec des sortes de louches qui permettent la purification. Des dizaines de japonais se pressent pour procéder aux ablutions.




Puis nous entrons dans le temple. Au plafond est peint un gigantesque dragon, le Nakiryû, (dragon rugissant). Il doit son nom à la résonance de la salle. En effet, au milieu de la pièce, un moine tape deux bouts de bois l'un contre l'autre. Lorsqu'il le fait sous la gueule du dragon, et seulement là, le son résonne dans toute la pièce, comme si le dragon rugissait.







Dans l'ensemble, les temples de Nikkô, s'ils sont impressionnants, se ressemblent beaucoup. Sauf un. Il faut savoir que les japonais sont bouddhistes et shintoïstes et que les temples de chacune de ses croyances présentent des arts bien différents. Ainsi, l'un des temples présentent des coulours moins agressives, plus pastels, mais des torii et des temples plus ouvragés et aussi plus chargés, avec de nombreuses sculptures et bas-reliefs.



La foule afflue alors que sonnent dix heures. Des groupes d'écoliers se pressent avec leurs professeurs à l'entrée des temples, s'alignant en rang d'oignon pour la photo souvenir (ils ont même leur photographe personnels !!!!).

Il nous reste encore un dernier temple. Discrètement, nous nous greffons à une visite guidée (en japonais, donc je n'y comprend pas un mot...). Nous irons même jusqu'à suivre quelques temps la prière, avant de quitter le temple et le parc.

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